Le Pont

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Haïm Korsia : « Rachi, penseur européen »

Dans le cadre des séminaires « Pensée juive et Pensée européenne », organisés par la revue Passages, l’association ADAPes et Le Pont et co-animés par Armand Laferrère et Emile H. Malet, nous avons eu le plaisir et l’honneur d’accueillir en ouverture monsieur Haïm Korsia, Grand Rabbin de France et membre de l’Académie des sciences morales et politiques, qui a choisi comme thème inaugural « Rachi, penseur européen ».

En présentation de ce séminaire, Emile H. Malet a fait connaître l’intérêt de longue date de la revue Passages pour le judaïsme, apportant un regard juif sur l’actualité et montrer comment esprit juif et esprit européen peuvent se conjuguer et se féconder mutuellement.

Haïm Korsia affirme que ce sont les écrits de Rachi qui lui ont permis de comprendre la Bible, le Talmud et le Coran. Rachi est l’un des premiers auteurs à utiliser la langue française telle qu’elle était parlée à l’époque, il traduit les expressions bibliques et talmudiques difficiles en utilisant le français courant et retranscrit phonétiquement les mots français en lettres hébraïques, ce qui représente la seule source de prononciation de cette langue ancienne. Rachi est profondément ancré dans son territoire, mais il a également une forte influence partout en Europe à travers des écrits et son école talmudique.

Selon Haïm Korsia, alors que le catholicisme est une religion plus monolithique, le judaïsme porte cette idée de pluralisme et de diversité, qu’on retrouve également aux origines de l’Europe. De ce point de vue, les humains sont les mêmes, et pourtant sont différents ; la différence est nécessaire pour produire l’unité et une nation/ l’Europe se construit de la même façon.

Au cours de la discussion sont notamment intervenus le professeur Didier Sicard, l’amiral Edouard Guillaud et Bertrand Delais, président de LCP, ce qui a permis au Grand Rabbin de préciser sa pensée en expliquant que le rêve européen se construit sur le refus de la guerre et l’espérance de la paix : « Le génie de l’Europe retrouve le judaïsme dans une démarche d’unité qui exclut l’uniformité ».

Dans une métaphore abrahamique, Haïm Korsia évoque l’identité européenne à travers la diversité des lieux de mémoire européens et leur richesse en terme de civilisation. Enfin, interrogé par Emile H. Malet sur la question des langues et des discours, Haïm Korsia évoque quelques grandes figures juives européennes qui se sont illustrées des Lumières à aujourd’hui en tenant des discours à portée polysémique en s’inspirant d’un « judaïsme diasporique avant d’être dans l’épicentre ». En somme, un cosmopolitisme éclairé par la spiritualité.

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