Le « mythe » de l’invincibilité d’Israël…
Le « mythe » de l’invincibilité de l’armée d’Israël a-t-il volé en éclats ? La question est tout sauf académique, tant la stupeur et la sidération dominent les esprits dans l’État hébreu depuis ce samedi noir, au cours duquel les ennemis d’Israël ont mis à exécution un terrible projet d’invasion. Ce projet criminel porte la marque de stratèges de premier plan. Tout a été minutieusement préparé, aucun détail n’a été négligé. La main d’une puissance étatique est indéniable puisque le secret a été très bien gardé et que de nombreux leurres ont servi à endormir même les observateurs les plus compétents. Tout a fonctionné à merveille pour les concepteurs de la plus grande déception militaire de ces dernières années. Y compris votre serviteur qui pensait que la thèse israélienne plaçant la prospérité économique avant les négociations politiques ou idéologique. La célérité de la normalisation des relations avec les ennemis d’hier y a joué un grand rôle. Jusque, et y compris, les mouvements à la frontière avec Gaza qu’on pensait calmer en augmentant le nombre de permis de travail accordés aux Gazaouis. Ou en convainquant le Qatar de donner un peu plus d’argent aux habitants de la bande côtière. Tout le monde en était convaincu au point que même l’Arabie saoudite, connue pour son rigorisme, elle, la gardienne des lieux de l’islam, reconnaissait publiquement que les choses allaient bon train et que l’affaire serait signée avant la fin de l’année… Toutes les parties prenantes étaient du même avis, et nul ne pensait qu’un méga attentat nous ramènerait à la case départ…
C’était compter sans l’intervention d’un pays, ennemi juré de l’État juif, qui ne l’entendait pas de cette oreille. Je ne crois pas un instant que les mafieux du Hamas aient pu mettre au point une telle action sans l’aide d’experts réputés. Certes, l’effet de surprise est passé et Tsahal a repris le dessus après quelques moments de grande difficulté. Nul doute qu’il finira par l’emporter mais reconnaissons que l’alerte a été chaude. Jamais, depuis la fondation de l’État en 1948, on n’avait connu de bataille à l’intérieur même des frontières… On connait la suite : des centaines de terroristes pénètrent en Israël, tirent sur tout ce qui bouge, se lancent à l’assaut de villes en bordure de la frontière, se rendent maîtres de commissariats et de bases militaires du sud du pays. Le tout sans rencontrer la moindre résistance. Comment est-ce possible ?
Comment l’État qui possède les meilleurs services de renseignements au monde a-t-il pu ne rien voir, ne rien anticiper, ne rien comprendre ? Le résultat de ces failles et de cette incurie compte par centaines de morts. Une habitante du sud d’Israël vient de me dire que les six cent morts (chiffre provisoire) de cette invasion dépassent toutes les pertes israéliennes précédentes… Du jamais vu, avec des hommes politiques qui se sont fait passer pour les Monsieur sécurité avant tout.
J’aborde à présent un point très délicat de toute cette affaire : il est évident que le jour choisi par le Hamas pour sa lâche agression contre des civils, n’est pas le fruit du hasard. Les ennemis d’Israël observaient depuis des mois les manifestations gigantesques contre la réforme judiciaire qui ont affaibli l’exécutif israélien et notoirement son chef. Un exemple mieux que tout autre : les pilotes réservistes vont jusqu’à refuser d’effectuer leur mission habituelle, oubliant qu’ils servent non pas un régime, celui de Netanyahou ou autre, mais de l’État d’Israël… Cette confusion a entraîné des suites tragiques. Je conçois que l’on se mobilise pour les idées que l’on veut défendre, mais pas au prix de la sécurité de l’État. Ni plus, ni moins, c’est avec le pays tout entier qu’ils ont un contrat moral, ce n’est pas avec un régime ni avec un parti politique. Ces exemples de désunion profonde ne sont pas une rareté dans l’histoire de l’Israël ancien… Il suffit de relire les midrachim commentant la chute des deux Temples de Jérusalem.
En y réfléchissant, je me souviens d’un adage rabbinique qui s’énonce ainsi : ma’assé aviot, siman la-banim : ce qui est arrivé aux pères constitue un signal pour leurs fils. Quand on y repense, 1973 et 2023 comportent quelques similitudes frappantes. Les ennemis ont frappé un jour de fête (kippour, Simhat Tora) par surprise, dans l’espoir de mettre fin à l’existence de l’État hébreu… Mais ceux d’’aujourd’hui ont assassiné des centaines de pauvres civils désarmés dont les cadavres jonchent les rues de nombreuses cités. Et ils ont emporté de force avec eux des centaines d’otages, hommes, femmes, enfants. Comme dans des rafles de sinistre mémoire.
Certes, je ne crois pas un seul instant qu’Israël soit réellement menacé ; éprouvé, oui, mais guère plus. Il faut juste que l’armée se reprenne, et cela doit prendre quelques jours, guère plus. En revanche, le nombre de victimes est hallucinant.
Mais Israël n’a pas dit son dernier mot. Le gouvernement a enfin compris qu’on ne doit plus laisser à un groupe terroriste le soin de provoquer une confrontation armée quand il veut et là où il veut. Le gouvernement a donc décidé d’anéantir les capacités militaires du Hamas. Il y a fort à parier que cette fois ci, il tiendra parole.
Les massacres de Kfar Azza font penser à ceux d’Oradour sur Glane. Ce n’est pas le pur fruit du hasard…
*Article paru sur JFORUM.FR le 10 octobre 2023
philosophe, exégète et historien français
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Maurice-Ruben Hayounhttps://lepontdesidees.fr/author/mrubenauteur/
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