Le Pont

La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie. – Hannah Arendt

Lien social et démocratie représentative, complémentarité nécessaire et indispensable

Au lendemain de élections régionales, confrontée à une abstention qui ne cesse de croître au fil du temps et dont on ne peut attribuer la cause à la seule crise sanitaire, l’Assemblée Nationale, a l’initiative de Richard Ferrand, a sollicité la fondation Jean Jaurès, Fondapol et le CSA afin de comprendre les raisons de cette progression de l’abstention et trouver des solutions pour restaurer le lien entre les citoyens et leurs représentants.

Mais ce lien social, indispensable pour faire exister le principe même de la démocratie représentative, doit être revivifié, restauré dans un moment où la société française manifeste des signes d’épuisement démocratique.

Dans un tel contexte les chaines parlementaires ont un rôle essentiel à jouer pour relégitimer le principe même de la démocratie représentative et contribuer à reconstruire le lien entre le corps social et ses représentants élus.

Mais cela passe nécessairement par 3 impératifs catégoriques. Il s’agit de se dissocier des réseaux sociaux dans l’expression du débat, de privilégier des émissions qui contribuent à construire du commun et de favoriser la visibilité du travail de l’élu.

Dissociation nécessaire d’avec les réseaux sociaux dans l’expression du débat.

Dans un moment d’éclatement du tissu social, les réseaux sociaux alimentent une déformation croissante de la réalité du pays… En effet, l’effet loupe profite aux paroles extrêmes, offrant aux multiples contre-pouvoirs une parole circulaire et amplifiée au risque de fragiliser le lien social . Le « buzz » fabrique du dissensus plutôt que du consensus.

Le « phénomène » Zemmour est symptomatique de cette dérive, mais il pointe également le rôle et l’impact des médias en France. Et leur responsabilité  lorsque ce rôle contribue à alimenter la distance et la radicalisation de la société française.

De ce point de vue, les priorités éditoriales d’un média parlementaire doivent toujours chercher à légitimer le principe même de la démocratie représentative et de ses élus.

Ce que fait LCP. Ainsi pendant la crise des gilets jaunes, nous avons choisi de ne donner que la parole à des élus, favorables ou opposés au mouvement contestataire et non à des leaders issus des réseaux sociaux n’ayant nulle connaissance du réel.

Privilégier des émissions de nature à construire du commun.

Les corps intermédiaires sont de moins en moins présents et de moins en moins écoutés ne laissant aux citoyens que les médias généralistes et les réseaux sociaux pour accéder à l’information sur la vie démocratique du pays.

Dans le même temps, le pays a traversé et traverse encore des épreuves qui fragilisent le corps social et laissent poindre une forme des expressions de rejet du modèle démocratique français potentiellement périlleux. Le mal identitaire du pays est prégnant. Face à ce constat à maints égards inquiétant, la responsabilité des médias parlementaires consiste aujourd’hui à privilégier ce qui est de nature à créer du commun dans la société. C’est ainsi qu’est née l’idée de Rembob’Ina, appréhendant la télévision comme un lieu de mémoire collective, au sens où Pierre Nora les a lui-même définis.

De ce point de vue, devenir pour les chaines parlementaires LE lieu de débat du temps long, des affrontements générateurs de sens est un impératif pour accompagner cette restauration du lien social indispensable pour relégitimer la fonction représentative.

 Le partenariat avec le Pont répond à cette double exigence.

Il est indispensable d’élargir la réflexion sur le statut des élus à l’ensemble des français détenteur d’un mandat (parents d’élèves, responsabilités associatives).

L’audience des QAG ou la constante progression de LCP depuis 2 ans doivent être davantage prises en compte, les chaines parlementaires assurent en effet une vraie mission de service public.

Il y a beaucoup à faire sur le terrain pour réconcilier la France et leurs élus mais un média citoyen comme LCP et Public Sénat ont une fonction, désormais essentielle, à exercer.

LCP-AN a trouvé sa place au sein du paysage audiovisuel français et devient un référentiel tout en s’armant sur les enjeux numériques de demain car les évolutions des modes de consommation de contenus conjuguées au confinement intiment à un média citoyen une présence forte sur l’ensemble des supports. Les plates-formes étant appelées à devenir le premier moyen de consommation des contenus audiovisuels.

En 2020, la chaîne LCP-AN a touché plus de 37,8m° de téléspectateurs uniques . En moyenne, LCP-AN est la deuxième chaîne infos pendant la diffusion des QAG (Mardis 15h-17h).

LCP-AN a également su rajeunir son audience. La mise en place d’une stratégie de media global ainsi que la programmation de contenus différenciants ont attiré sur le canal 13 des publics plus jeunes. L’âge moyen de la chaîne est passé de 63 à 61,5 ans, plus jeune que celui de France 3 sur la même tranche. Face aux tranches de LCP-AN, France 3 affiche un âge moyen de 62,1 ans et France 2 affiche un âge moyen de 59,1 ans.

La politique de média global a apporté une présence inédite à la chaîne sur l’ensemble des supports – réseaux sociaux, web, TNT-. La chaîne se prépare désormais aux enjeux audiovisuels de demain tout en jouant à plein son rôle de soft-power.

Favoriser la visibilité du travail de l’élu.

 L’inversion du calendrier politique où désormais la majorité de l’Assemblée nationale découle d’une certaine façon de l’élection présidentielle a abîmé l’intuite personae qui liait autrefois un député à sa circonscription… C’est pourquoi, nous avons initié plusieurs formats qui permettent aux parlementaires de valoriser leur engagement ou leur travail de terrain (A table, Circo, Emois et moi).

Il convient de faire des chaines parlementaires des relais de l’action des parlementaires et au-delà de construire une utilité citoyenne et vulgarisatrice par rapport à la loi. En effet, les audiences les plus fortes des chaines parlementaires portent davantage sur les manifestations de contrôles du législateur (QAG, Commissions) que sur le travail législatif. C’est un marqueur de l’attente des citoyens.

C’est ainsi que LCP va dans l’année 2022 commencer à diffuser des procès, en accord avec la chancellerie et les QPC du conseil constitutionnel.  

Au-delà de LCP, il faut souhaiter que le travail entrepris par le parlement pour restaurer la confiance entre citoyens et élus soit couronné de succès…. Nous avons tous collectivement à craindre d’un épuisement démocratique qui durerait dans le temps. Il n’est pas sût que les prochaines élections soient de nature à relégitimer la démocratie représentative dans son ensemble, tant les signes de désagrégation sont nombreux et puissants.  

Bertrand Delais est Président-directeur général de LCP.

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Président de LCP

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