Le Pont

La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie. – Hannah Arendt

Un beau voyage

L’ouvrage “Synagogues: Marvels of Judaism” par Leyla Uluhanli, souhaite faire découvrir au lecteur de magnifiques synagogues, qu’elles soient anciennes ou contemporaines, majestueuses ou modestes. Elles se dressent aussi bien dans des grandes capitales que dans des petits villages, dans des paysages urbains ou des déserts, au milieu des montagnes ou au bord de la mer. Mais, dans chacune d’entre elles, on rencontre une énergie, un esprit, une présence du Dieu vivant.

Vous trouverez peut-être là la clé de l’incroyable survie du judaïsme. Nos ancêtres ont construit leur premier sanctuaire dans le désert, créant une maison où la présence de Dieu pouvait se manifester. Quelques siècles plus tard, le roi Salomon consacrait le Saint Temple de Jérusalem avec un psaume composé par son père, David : « Portes, levez vos frontons, élevez-vous, portails antiques, qu’il entre, le roi de gloire » (Psaume 24). La destruction du Temple marque le début de l’exil juif, de la dispersion, de la diaspora. Les Juifs édifient alors des sanctuaires partout où ils vivent, et, avec
le temps, ces simples sanctuaires vont devenir des synagogues, c’est-à-dire, au sens propre, des maisons où se réunir, des maisons imprégnées de l’essence de Dieu et de la présence de la communauté, des maisons animées par la prière et la célébration, l’étude et la contemplation, les lamentations et le réconfort, les louanges et l’action de grâces. Des maisons si singulièrement saintes que le sage Abba Benjamin pouvait proclamer : « La prière de l’homme n’est [pleinement] exaucée que dans la synagogue » (Talmud de Babylone, Berakhot 6a).

En tant que photographe, voyageuse et personne profondément intéressée par mon ascendance juive, j’ai toujours été attirée par les synagogues, où que je me trouve, et j’ai visité un grand nombre de celles présentées ici. Chacun de ces bâtiments a été sanctifié par des voyages spirituels, des prières communes, des méditations et des chants, par des bougies allumées, des psalmodies de passages de la Torah et l’accomplissement de rituels, et aussi par des moments importants de la vie.

On peut ressentir la spiritualité partout, y compris dans une toute petite synagogue d’anciens immigrés de l’État du Maine, aux États-Unis, où un rayon de lumière illumine un châle de prière drapé sur un banc vide ou éclaire un livre sacré en attendant le prochain office. J’ai photographié toute une famille intergénérationnelle, venue d’Israël pour retrouver la grande synagogue de sa patrie à Sofia, pour y réciter la prière du kaddish en mémoire de nombreux parents perdus lors de la Shoah. Malheureusement, certaines synagogues
ont aussi disparu, détruites pendant la Seconde Guerre mondiale ou transformées depuis en musées, en cinémas ou encore en centres culturels, signifiant souvent que des communautés juives dynamiques ont été regroupées dans des ghettos ou ont été les victimes des escadrons de la mort et des camps d’extermination.

Ils me feront un sanctuaire,
que je puisse résider parmi eux.

Exode 25, 8

Dans ce passage, Dieu ordonne à Moïse de construire un lieu sacré qui soit une demeure pour Lui, mais aussi un lieu où Il demeure en nous. C’est par l’union spirituelle d’une communauté qu’un édifice devient une synagogue. Comme l’écrit l’auteure Mindy Radler Glickman, avec des mots qui résonnent :

Comme une mezouza, qui contient la sainteté, le shema,
Et comme notre corps, qui abrite notre âme,
La synagogue est le réceptacle
Qui accueille l’âme de la communauté juive.
Une synagogue est un lieu où les âmes se rassemblent.
Lorsque dix d’entre elles sont réunies pour former un
minyan,
Dieu entend nos prières communes.
Il faut une communauté pour construire un sanctuaire.
Ensemble, nous faisons la sainteté.

Judy Glickman Lauder est une photographe internationalement reconnue, humanitaire et philantrope.

Crédits photographiques : Synagogue de Florence, Massimo Listri

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