Le réveil de l’Afrique

Vers une émancipation et un développement authentique à l’aube d’une nouvelle ère géopolitique et géostratégique

Afnetwork France a accueilli le samedi 19 avril 2025, au sein de ses quartiers à Paris, la conférence-débat initiée par l’Union Internationale des Journalistes Africains (U.I.J.A.) dont Lanciné Camara, son Président, et Tyshamstrong, artiste aux facettes multiples, autour d’un panel d’experts de premier plan et d’horizons multiples pour traiter de l’Afrique et son éveil, dans un monde conflictualisé par la politique des têtes brûlées, et des actions auxquelles ce Continent millénaire déploiera pour faire front.
Cette journée riche de débats et de propositions a connu un plein succès. Parmi ses principaux orateurs, outre Lanciné Camara et Tyshamstrong, sont intervenus Jean Blézon, Malado Camara, Georges Fischer, Émile H. Malet, Docteur Donat Mupapa et Hamza Taj avec une modération de Guy Josué Foumane.
Introduction
L’Afrique, berceau de l’humanité, est à un tournant historique. Après des décennies marquées par le prisme de ses défis économiques et géostratégiques (conflits), politiques (gouvernance défaillante) et sociaux (pauvreté), le continent amorce un véritable réveil, et s’affirme aujourd’hui comme un acteur majeur en pleine renaissance, porté par une volonté collective d’émancipation, de développement authentique, et d’intégration dans le concert mondial.
Ce mouvement, dans un contexte international en constante mutation, nourri par une jeunesse dynamique, une diaspora engagée et une volonté affirmée de s’inscrire dans une relation équilibrée avec le reste du monde, redéfinit l’avenir de l’Afrique.
Ce processus ne se limite pas à une simple croissance économique ou à des avancées politiques et technologiques. Il s’agit d’un changement de paradigme, d’une renaissance culturelle et identitaire, d’une affirmation de souveraineté et d’une volonté de bâtir un développement durable, respectueux de ses valeurs et de ses ressources ainsi que de ses aspirations profondes. Pourtant, le chemin reste semé d’obstacles, notamment liés à la gouvernance et à la corruption, mais les initiatives positives et les nouvelles stratégies offrent des perspectives encourageantes.
Le contexte historique et la renaissance africaine
L’histoire de l’Afrique est marquée par une longue période de colonisation, de luttes pour l’indépendance, puis de défis liés à la gouvernance et au développement. Cependant, depuis quelques décennies, la dépendance historique aux modèles occidentaux est remise en question, un mouvement de renaissance s’amorce, porté par une conscience collective renouvelée. La jeunesse, en particulier, se mobilise pour bâtir un avenir différent, plus autonome et respectueux de ses valeurs.
Ce réveil s’inscrit aussi dans une volonté de redéfinir l’image du continent, souvent stéréotypée, en mettant en avant ses richesses culturelles, ses ressources naturelles, et ses talents humains. La mondialisation, les nouvelles technologies, et la diaspora jouent un rôle déterminant dans cette transformation.
La volonté d’émancipation : une nouvelle relation avec le monde pour une Afrique souveraine et en partenariat avec la planète
L’émancipation de l’Afrique ne se limite pas à une simple croissance économique. Elle implique une redéfinition de ses relations avec le reste du monde, en privilégiant la coopération équilibrée, le respect mutuel et la valorisation de ses ressources.
Les pays africains cherchent à sortir de la dépendance historique aux modèles occidentaux, en développant leurs propres industries, en valorisant leur patrimoine culturel et en affirmant leur souveraineté. La diversification des partenariats avec la Chine, l’Inde, la Russie, l’Amérique latine ou d’autres régions témoigne de cette volonté d’indépendance et de souveraineté.
Par ailleurs, l’Afrique s’engage dans des initiatives régionales telles que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui vise à renforcer l’intégration économique et à favoriser le commerce intra-africain. Ces démarches traduisent une volonté d’émancipation économique et politique, pour bâtir un avenir où le continent sera maître de son destin.
La transition vers une économie durable et inclusive
L’Afrique, dans sa quête d’émancipation, s’oriente également vers un modèle de développement plus durable. La gestion responsable de ses ressources naturelles, à l’instar des initiatives orchestrées au Tchad pour le Lac Tchad, la lutte contre le changement climatique, et la promotion d’énergies renouvelables sont devenues des priorités.
Les investissements dans l’agriculture durable, la gestion de l’eau, la reforestation, et l’énergie solaire ou éolienne illustrent cette volonté. Des pays comme le Maroc, l’Éthiopie ou le Kenya deviennent des exemples en matière d’innovation verte, créant des emplois et renforçant leur résilience face aux défis environnementaux.
Par ailleurs, l’inclusion sociale et économique est au cœur de cette transformation. La réduction des inégalités, l’accès universel à l’éducation, à la santé, et à l’emploi, sont des objectifs fondamentaux pour bâtir une société plus équitable. La jeunesse, en tant que moteur de cette transition, doit bénéficier d’un environnement propice à son épanouissement.
La jeunesse africaine : un atout majeur pour l’avenir
L’un des éléments clés de ce réveil est la jeunesse du continent. Avec plus de 60 % de sa population âgée de moins de 25 ans, l’Afrique possède une des populations les plus jeunes au monde. Cette jeunesse, véritable moteur d’évolution et souvent qualifiée d’énergie du continent, constitue une ressource inestimable pour son développement.
Elle incarne l’espoir d’un changement profond, porteur d’idées nouvelles, de créativité et d’innovation. La jeunesse africaine s’engage dans l’entrepreneuriat, la technologie, l’agriculture durable, et dans la lutte pour la justice sociale. Elle est aussi la première à revendiquer une gouvernance plus transparente, une meilleure éducation et un accès accru aux opportunités. En outre, la jeunesse africaine fait face à des défis importants : chômage massif, accès limité à l’éducation de qualité, manque d’opportunités, et instabilité politique dans certains pays. La clé réside dans la mise en place de politiques inclusives, favorisant l’entrepreneuriat, l’éducation, et la participation citoyenne.
En effet, ce dynamisme démographique peut devenir un véritable levier si les gouvernements, les institutions publiques et privées et la société civile parviennent à lui offrir un cadre propice à l’épanouissement. La jeunesse africaine, en étant connectée au reste du monde grâce aux nouvelles technologies, devient un pont entre tradition et modernité, entre passé et avenir.
La diaspora africaine : un pont entre continents
Au-delà des frontières, la diaspora africaine joue un rôle crucial dans ce processus de renaissance. Elle est présente dans tous les continents, notamment en Europe, en Amérique du Nord, en Asie et au Moyen-Orient. Estimée à plusieurs dizaines de millions de personnes vivant à l’étranger, souvent dans des pays développés, cette diaspora constitue un véritable pont vital entre l’Afrique et le reste du monde.
Elle représente une force économique, culturelle, et politique. Beaucoup de membres de la diaspora ont réussi à s’imposer dans divers secteurs — entrepreneuriat, sciences, arts — et souhaitent aujourd’hui investir dans leur pays d’origine. Les transferts de fonds, souvent appelés « remises », constituent une source majeure de revenus pour de nombreux pays africains. Selon la Banque mondiale, ces flux atteignent plusieurs dizaines de milliards de dollars chaque année, surpassant souvent l’aide publique au développement. Ces flux financiers participent à l’amélioration des conditions de vie, à l’éducation, et à la santé.
Par ailleurs, la diaspora africaine contribue au développement de l’Afrique par des investissements, des transferts de compétences dans des secteurs clés comme la santé, l’éducation, l’industrie, l’agriculture, les technologies et les échanges culturels. De plus en plus, les diasporas africaines s’organisent pour soutenir des projets locaux, financer des startups, ou encore influencer les politiques publiques en faveur d’un développement plus équitable. Aussi, des réseaux d’entrepreneurs africains à l’étranger se mobilisent pour soutenir des initiatives entrepreneuriales innovantes sur le continent.
Ce rôle de catalyseur est d’autant plus important que la diaspora possède une connaissance approfondie des réalités économiques et sociales des pays où elle réside et joue aussi un rôle diplomatique informel. Elle peut ainsi agir comme un levier pour attirer des investissements, favoriser la coopération internationale, participer à des programmes de transfert de savoir-faire, à des missions de développement, ou à des campagnes de sensibilisation.et promouvoir une image positive de l’Afrique à l’échelle mondiale.
Cependant, malgré ces apports, des défis subsistent : la fuite des cerveaux, la difficulté à transformer les investissements en développement durable, à accéder à certains marchés, la reconnaissance de ses compétences, et parfois un manque de coordination entre diaspora et gouvernements ou encore la nécessité de renforcer la cohésion entre ses membres, tous ces défis sont avérés. La création d’un environnement favorable à l’investissement et à l’engagement citoyen est essentielle pour maximiser son impact.
Afin d’y pallier, de plus en plus d’initiatives voient le jour pour renforcer cette synergie, des gouvernements africains mettent en place des stratégies pour mieux intégrer leur diaspora dans leurs politiques de développement, en créant des plateformes d’échanges, de financement participatif, des fonds d’investissement ou des programmes de retour temporaire ou de mentorat.
La création d’un environnement favorable à l’investissement et à l’engagement citoyen est essentielle pour maximiser son impact.
Les nouvelles technologies : catalyseurs du changement
L’Afrique connaît une véritable révolution numérique. L’accès à Internet, aux smartphones, et aux plateformes digitales s’est considérablement démocratisé, permettant à des millions d’Africains d’accéder à l’information, à l’éducation, et à l’économie numérique.
Les technologies telles que la fintech, l’agritech, ou la télémédecine offrent des solutions concrètes aux problématiques locales : inclusion financière, gestion durable des ressources, accès aux soins. Des startups africaines innovantes émergent dans ces secteurs, souvent soutenues par des investisseurs locaux ou internationaux.
De plus, Les plateformes d’e-learning, les MOOCs, et les programmes de formation en ligne permettent de pallier le déficit en éducation formelle. La formation continue et le développement des compétences numériques sont essentiels pour préparer la jeunesse aux défis futurs.
Malgré ces avancées, des défis persistent : inégalités d’accès, faibles infrastructures, manque de compétences numériques dans certaines régions. La coopération entre gouvernements, secteur privé, et acteurs locaux est indispensable pour maximiser l’impact.

Les défis à relever : entre ambitions et réalités
Ce réveil n’est pas exempt de défis. La gouvernance reste un enjeu majeur pour le développement durable de l’Afrique. La mauvaise gestion des ressources, la pauvreté persistante, les conflits armés, la corruption endémique et les inégalités sociales restent des obstacles majeurs. L’exemple de la situation critique actuelle en République Démocratique du Congo atteste de l’importance des défis auxquels le continent africain est tributaire.
L’absence de transparence freine souvent les efforts de progrès. Ces problématiques sapent la confiance des citoyens dans leurs institutions et découragent les investissements étrangers et locaux.
Cependant, face à ces défis, plusieurs pays africains ont commencé à mettre en œuvre des réformes. La digitalisation des services publics, la mise en place d’organismes de contrôle indépendants, et la lutte contre la corruption via des lois plus strictes sont autant d’initiatives qui commencent à porter leurs fruits.
Le changement climatique représente aussi une menace majeure, avec ses impacts sur l’agriculture, l’eau, et la sécurité alimentaire. La résilience des communautés face à ces enjeux doit être renforcée par des politiques adaptées et des investissements dans la recherche et l’innovation.
Par ailleurs, l’éducation et la santé restent des secteurs prioritaires. La qualité de l’enseignement doit être améliorée pour préparer une main-d’œuvre compétitive, capable de répondre aux exigences d’une économie moderne. La santé publique doit être renforcée pour faire face aux épidémies, aux maladies endémiques, et aux défis liés à la démographie.
L’investissement dans l’éducation, la santé, l’innovation et la gouvernance est essentiel pour transformer ces défis en opportunités. La jeunesse et la diaspora, en tant que forces vives du changement, doivent continuer à jouer un rôle central dans cette dynamique.
Malgré ces défis, l’Afrique dispose d’atouts considérables pour bâtir un avenir prometteur. Sa jeunesse, sa richesse culturelle, ses ressources naturelles, et sa capacité d’innovation constituent autant de leviers pour un développement authentique.
L’émergence de startups technologiques, la digitalisation des services, et la montée en puissance de l’entrepreneuriat social offrent des perspectives nouvelles. Des hubs technologiques comme Nairobi, Lagos ou Dakar deviennent des centres d’innovation, attirant des investisseurs et des talents du monde entier.
De plus, la valorisation du patrimoine culturel africain, à travers la mode, la musique, le cinéma ou la gastronomie, contribue à renforcer l’identité et l’attractivité du continent. La jeunesse, fière de ses racines, joue un rôle clé dans cette renaissance culturelle.
L’Afrique peut également tirer avantage de ses ressources naturelles et de ses terres rares et autres minerais pour une transition énergétique responsable. La mise en valeur des énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne, permet de répondre aux besoins croissants tout en respectant l’environnement.
La réussite de cette renaissance dépendra de la capacité des gouvernements, des acteurs locaux et de la communauté internationale à travailler ensemble pour surmonter ces enjeux.
La solidarité et la coopération internationales : clés du succès
Le développement de l’Afrique repose aussi sur une coopération internationale équilibrée et solidaire. La communauté internationale doit soutenir les efforts africains par des investissements responsables, des transferts de technologies, et un appui à la gouvernance.
Les partenariats doivent être fondés sur le respect mutuel, la transparence, et la reconnaissance des spécificités africaines. La coopération Sud-Sud, avec des pays comme l’Inde ou le Brésil, offre des modèles alternatifs de développement, souvent mieux adaptés aux réalités du continent.
Les organisations internationales, telles que l’ONU ou la Banque mondiale, ont un rôle à jouer en accompagnant l’Afrique dans ses projets de transformation, tout en veillant à ce que ces initiatives soient durables et inclusives.
Un avenir prometteur, porté par l’espoir et la détermination
Un avenir à édifier ensemble en vue de l’éveil de l’Afrique est une réalité palpable, portée par une jeunesse ambitieuse, une diaspora engagée et une volonté collective d’émancipation. Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique de renaissance, où tradition et modernité se conjuguent pour bâtir un avenir plus juste, plus durable et plus souverain.
L’Afrique d’aujourd’hui ne se contente plus d’être un continent en développement ; elle aspire à devenir un acteur majeur de l’économie mondiale, un espace d’innovation, de culture et de souveraineté retrouvée. Son avenir dépendra de sa capacité à conjuguer tradition et modernité, à valoriser ses richesses et talents et à bâtir des ponts solides et équilibrés avec le reste du monde. Dans une perspective de globalisation gagnante-gagnante (win-win).
Ce renouveau, porteur d’espoir, invite à croire en un continent qui, après des siècles d’épreuves, se relève avec fierté et détermination pour écrire une nouvelle page de son histoire.
La route est encore longue, mais la volonté est là, et les signes d’un changement profond sont visibles pour ceux qui savent regarder.

Laëtitia Yonga (dit Tyshamstrong), artiste auteur-compositeur-interprète, comédienne et journaliste
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