La pandémie s’en va, la banalisation de l’infection s’installe
Didier Sicard
Pendant deux ans la pandémie a accumulé inquiétude et réassurance. Où en sommes-nous ?
La source de la pandémie reste inconnue même si la certitude vient de son épicentre à Wuhan et son origine chez la chauve-souris. Mais comment est-on passé de celle-ci à l’homme ? Probablement directement à partir du marché d’animaux sauvages (un article récent de Nature révèle que des coronavirus identifiés chez les chauve-souris dans le nord Laos pouvaient infecter directement au laboratoire des cellules humaines). L’hypothèse d’un accident de laboratoire reste très hasardeuse. Malheureusement la Chine interdit toute investigation internationale qui seule pourrait apporter des éléments essentiels.
L’évolution de la pandémie s’est faite en cinq vagues successives de gravité variable, la première et la quatrième étant les plus meurtrières. La cinquième est dû à un mutant Omicron BA1 qui a décuplé le risque de contamination mais a diminué drastiquement le risque de forme grave et de mort. Car plus le virus mute pour accentuer sa diffusion, moins il conserve son pouvoir létal.
Les vaccins à ARN et les vaccins traditionnels à adéno virus couplés à une protéine spike ont considérablement diminué le risque de forme grave et de mort. Mais la présence d’anticorps neutralisants est plus courte qu’on ne l’espérait, d’où la nécessité de revacciner après une période de trois mois en particulier chez les sujets âgés. Les vaccins n’empêchent ni l’infection, ni la propagation. Ils empêchent d’en mourir. D’autant plus qu’à côté d’anticorps neutralisants les vaccins stimulent une réponse cellulaire protectrice. Ils contribuent à faire d’une infection à Covid 19 un épisode assez banal d’infection rhinopharyngée.
La gravité de la pandémie est due paradoxalement au grand nombre de formes asymptomatiques qui permet de diffuser largement le virus alors que les infections précédentes à coronavirus étaient suffisamment sévères pour que les sujets atteints soient rapidement isolés.
La sixième vague actuelle en cours est probablement due à une mutation BA2 aussi contagieuse que la cinquième mais aussi bénigne avec une probabilité de pic plus faible et de durée plus courte. Elle préfigure ce que seront les résurgences hivernales possibles comme les épidémies de grippe. L’humain ne peut pas être un réservoir de virus prolongé qui reste animal. Mais une circulation à bas bruit dans un pays peu ou pas vacciné peut contribuer à sa maintenance.
Le masque reste un excellent protecteur de contamination et de diffusion. Doit-on continuer à le mettre ou l’abandonner ? Un peu de bon sens conduit à l’abandon dans la vie courante mais à la conservation dans les réunions massives en milieu fermé, non aéré, meetings, lieux à risque pour les personnes malades, hôpitaux, EHPAD, transports en commun. Il n’y a pas d’idéologie pour ou contre le masque. Simplement le discernement fait que le danger des gouttelettes émises par des personnes sans aucun symptôme reste toujours présent. Certains pays d’Asie ont banalisé l’usage du masque… Si l’on veut vraiment se protéger, je crois qu’il faut s’habituer à porter le masque dans les lieux où la contamination est possible. Mais il ne faut pas en faire une obligation en particulier dans les lieux scolaires ou universitaires où le port du masque est extrêmement préjudiciable à la vie sociale.
Une quatrième dose pour les sujets âgés ? Oui mais elle peut se faire soit spontanément soit seulement après une recherche d’anticorps. Leur présence à un taux faible ou absent encourage le rappel, un taux d’anticorps fort encourage le statu quo.
Ainsi nous rentrons progressivement dans une nouvelle période où le vaccin a démontré de façon absolument certaine son efficacité dans la réduction des formes graves de un à 10 (pour 100 personnes en soins critiques 90 sont des personnes non vaccinées et 10 personnes vaccinées). Les molécules antivirales sur le marché depuis trois mois améliorent considérablement le pronostic vital.
En conclusion nous quittons la période de pandémie angoissante pour rentrer dans une banalisation de l’infection ou la vaccination éventuellement répétée et les molécules anti virales réduisent considérablement la gravité.
Professeur de médecine, ancien Président du Comité consultatif national d'éthique (CCNE)
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Didier Sicardhttps://lepontdesidees.fr/author/dsicardauteur/
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