L’Algérie et sa coopération avec l’Europe face aux tensions en Ukraine
Concernant la sécurité régionale, l’Algérie est un acteur stratégique en matière sécuritaire et énergétique au sein de l’OPEP, pour la stabilisation de la région. La coopération Algérie/Europe, dans sa démarche d’évaluation réclamée ne vise nullement à remettre en cause l’Accord d’association mais, bien au contraire, à l’utiliser pleinement dans le sens d’une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération. L’objectif étant de favoriser un partenariat gagnant-gagnant, l’Europe ne devant plus considérer l’Algérie uniquement du point de vue d’un marché.
- 1. Tous les accords qu’a signés l’Algérie pour une zone de libre-échange avec l’Europe, le monde arabe, et l’Afrique ont pour fondement à terme les baisses tarifaires qui sont un manque à gagner à court terme du fait du dégrèvement tarifaire, mais pour bénéficier des effets positifs, sinon les effets pervers l’emporteront. Du côté européen, on évoque des possibilités de discussions constructives, des relations bilatérales prometteuses aussi bien dans le domaine sécuritaire de l’énergie et dans d’autres secteurs. Aussi, malgré ces divergences conjoncturelles, il s’agit comme je l’ai souligné il y a quelques années lors d’une conférence, à l’invitation du Parlement européen à Bruxelles, de dépassionner les relations. Sur le plan géostratégique, plusieurs rapports entre 2018/2021 du département d’Etat US et de l’Union européenne saluent les efforts de l’Algérie en matière de sécurité et de défense où les tensions au niveau de la région influent, par ricochet, sur l’Europe. L’Algérie qui a toujours respecté ses engagements internationaux, la coopération Algérie/Europe dans sa démarche d’évaluation réclamée ne vise nullement à remettre en cause l’Accord d’association mais, bien au contraire, à l’utiliser pleinement dans le sens d’une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération, l’objectif étant de favoriser un partenariat gagnant/gagnant, l’Europe ne devant plus considérer l’Algérie uniquement du point de vue d’un marché. Pour l’Europe, il n’est pas question de la modification de l’accord cadre, mais des recommandations qui permettraient de relancer la coopération entre l’Algérie et l’UE dans le but de mettre les relations économiques au centre de cette coopération, de donner à cet accord toute son importance et d’utiliser tout son énorme potentiel dans ses trois composantes: politique, économique et humaine. L’Europe se félicite de l’assouplissement introduit récemment par les autorités algériennes de la règle 51/49 pour cent, au moins pour les secteurs non-stratégiques qu’il s ‘agira de définir avec précision, attendant toujours les décrets d’application de la loi des hydrocarbures et le nouveau code des investissements, mais souhaite la création d’un cadre juridique stable et transparent, propice à l’investissement, ainsi que la réduction des subventions, la modernisation du secteur financier et le développement du potentiel des partenariats public-privé. Aussi malgré ces divergences conjoncturelles, il s’agit de dépassionner les relations. C’est que l’Europe reste un partenaire clef pour l’Algérie comme en témoigne la structure du commerce extérieur de l’Algérie pour 2020, en attendant un bilan complet des échanges pour 2021, avec 48.5% des importations et 56.8% des exportations pour 2020. Par rapport à 2019, les importations en provenance de l’UE ont enregistré une baisse de l’ordre de 17.7% passant de 18.6 Mrd à 14.8 Mrd dollars US (USD). De même, les exportations de l’Algérie vers ces pays ont baissé de 34.1%, soit à 13.4 Mrd USD. A l’intérieur de l’UE, on peut relever que le principal client de l’Algérie est à nouveau (comme en 2018) l’Italie avec 14.5% des ventes à l’étranger, suivi de la France, première de cette catégorie en 2019 et désormais en seconde position avec 13.7%, suivie par l’Espagne avec 9.8%. En termes d’importations, la France occupe toujours le premier rang au sein de l’UE avec 10.6%, suivie par l’Italie et l’Espagne avec des taux de 7.1% et de 6.2% du total. Les échanges dans le cadre de l’accord avec les pays de la Grande zone arabe de libre-échange (GZALE), ont enregistré une baisse de 9.6% en 2020 par rapport à l’année 2019, passant de 1.3 Mrd USD à 1.2 Mrd USD en rappelant que l’Algérie a ratifié fin 2019 l’accord ZLECAF, entré en vigueur en janvier 2021, prévoyant la suppression des droits de douane pour 90 % des lignes tarifaires sur 5 ans pour les pays les plus développés et sur 10 ans pour les pays les moins développés. Dans le cadre de la Grande zone arabe de libre échange (GZALE), l’Algérie traite essentiellement avec 3 pays, à savoir la Tunisie, l’Egypte et le Maroc, qui représentent 80% des échanges commerciaux entre l’Algérie et les pays arabes et africains, qui ne dépassent pas les 3 milliards USD (1,5 Mds USD d’exportations et 1,5 Mds USD d’importations). Les pays de l’Asie viennent en 2ème position par zone géographique avec une part de 32.73% des importations de l’Algérie et de 28.7% des exportations vers ces pays avec une nette diminution passant de 9.2 Mrd à 6.8 Mrd USD. Parallèlement, les importations de l’Algérie en provenance de ces pays ont enregistré une diminution importante de 23.5%, passant de 14.7 Mrd USD à 11.3 Mrd USD. L’essentiel des échanges commerciaux avec cette région étant réalisé avec la Chine, où existe un important déséquilibre commercial en défaveur de l’Algérie entre 2010/2021, qui reste le premier fournisseur de l’Algérie, malgré une nette baisse des importations en 2020 (24.5%, soit de 7.6 Mrd USD à 5.8 Mrd USD), la Chine représentant 51.4% des importations et 17.1% des exportations, et l’Inde 6.5% des importations et 9.6% des exportations.Les échanges avec les pays d’Amérique (majoritairement USA, Brésil et Argentine) ont enregistré une baisse de 27.8% par rapport à 2019 (de 9.5 Mrd USD à 6.9 Mrd USD), les exportations étant passées de 3.9 à 1.5 Mrd USD (baisse de 60.4%), tandis que les importations ont baissé légèrement, de 5.6 Mrd USD à 5.3 Mrd USD (chute de 5.1%). La valeur des échanges avec l’Afrique a enregistré une baisse de 13% par rapport à 2019, soit une diminution de 456.3 Mio USD et les importations ont connu une baisse de de 16.2% (de 1.3 Mio à 1.1 Mio USD) et les exportations chutent également de 11.1% (de 2.2 Mio à 1.9 Mio USD), vers l’Afrique. L’UMA entre 2,4 et 2,9% est la zone au niveau de la région MENA qui connaît le moins d’intégration avec entre 2,4 et 2,9% (voir sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul et du docteur Camille Sari le Maghreb face aux enjeux géostratégiques Editions Harmattan Paris 2 volumes 1050 pages 2015/2016 ayant regroupé 36 experts des deux rives de la Méditerranée). L’enquête réalisée par la banque mondiale montre qu’en 2020 existent d’importantes disparités d’intégration entre les zones : Mercours entre 14,7 et 16,4%, Cedeao entre 8,7 et 11,5%, Comesa entre 5,7 et 5,9% et la Cea entre 3,7 et 5,9%. Certes pour l’Afrique, avec plus d’un milliard de consommateurs et un PIB combiné d’environ 3 000 milliards de dollars américains, la nouvelle zone de libre-échange continentale crée le deuxième plus vaste marché mondial derrière le Partenariat régional en Asie et dans le Pacifique, mais reste un long parcours, le commerce intra-africain en 2020 représentant environ 15,2% selon la CNUECD.
- La Sonatrach peut-elle fournir davantage de gaz à ses partenaires européens.Les premiers indicateurs de production révèlent une augmentation de près de 5% de la production d’hydrocarbures, qui passe de 175,9 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2020 à 185,2 millions de TEP en 2021.Pour ce qui est du volume de production au niveau des unités de raffinage, nous avons une stabilité de l’ordre de 27,9 millions de TEP en 2021, contre 27,8 millions en 2020. S’agissant de la production de gaz naturel liquéfié (GNL), Sonatrach a réalisé en 2021 une progression de 14%, le niveau de production ayant atteint 26,3 millions de m3 en 2021 par rapport à la quantité produite en 2020 (23,1 millions de m3), tout en ayant couvert les besoins du marché national, estimés à 64 millions de TEP en 2021, soit une augmentation de 9% par rapport à 2020, avec une baisse importante des quantités importées (-70%), passant de 859.000 TEP en 2020 à 255.000 tonnes en 2021. En ce qui concerne les niveaux d’exportation, le bilan fait état d’une augmentation significative de 18% entre 2020 et 2021, ce qui a permis d’accroître les quantités exportées de 80,7 millions de TEP fin 2020 à 95 millions en 2021 pour une recette (à ne pas confondre avec le profit net devant déduire les coûts) en 2021, d’une valeur dépassant 34,5 milliards USD (contre 20 Mds USD en 2020). Afin de développer les capacités nationales de production, en vue de répondre aux besoins internes qui enregistrent une croissance annuelle de 5%, ainsi qu’aux engagements contractuels avec les différentes partenaires, notamment en Europe et en Asie, il est prévu que Sonatrach investisse 40 milliards de dollars à l’horizon 2026, dont 8 Mds USD. La déclaration récente du PDG de Sonatrach a été mal interprétée car elle contient des nuances que la presse internationale n’a pas mis en relief, je le cite : « les appoints en gaz naturel et/ou en GNL vers l’Europe sont tributaires de la disponibilité de volumes excédentaires après satisfaction de la demande du marché national, de plus en plus importante, et de ses engagements contractuels envers ses partenaires étrangers ». L’Algérie est connue pour produire du gaz moins cher que le gaz russe et plus facile à transporter, mais cela nécessite un investissement important dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant- avec les firmes étrangères, afin de développer les infrastructures nécessaires pour le transporter à grande échelle. Pour l’Algérie, en s’en tenant aux données officielles, les réserves de pétrole sont estimées selon, la déclaration officielle du ministre de l’Energie (source APS décembre 2020) à environ 10 milliards de barils et les réserves de gaz à environ 2500 milliards de mètres cubes pour le gaz traditionnel. Les exportations, à ne pas confondre avec la production (et tenant compte d’un pourcentage d’injection de gaz dans les puits pour maintenir leurs activités, la différence étant la consommation intérieure) à ne pas confondre avec la production pour 2020/2021 ont fluctué entre 450.000/500.000 barils/j contre environ 1 million de baril d’exportation vers les années 2007/2008, et 40 milliards de mètres gazeux d’exportation en 2020 et 42/43 en 2021 (33% GNL et 67% par canalisation). La première destination du gaz algérien reste le marché européen, essentiellement l’Italie (35%), l’Espagne (31%), la Turquie (8,4%) et la France (7,8%). Mais existent des limites économiques, l’Algérie étant confrontée à deux contraintes majeures, la forte consommation intérieure et la concurrence de nombreux acteurs. Pour les canalisations nous avons le TRANSMED, la plus grande canalisation d’une capacité de 33,5 milliards de mètres cubes gazeux via la Tunisie, le MEDGAZ directement vers l’Espagne à partir de Beni Saf au départ d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux qui après extension depuis février 2022 a une capacité qui a été portée à 10 milliards de mètres cubes gazeux et le GME via le Maroc dont l’Algérie a décidé d’abandonner , le contrat s’étant achevé le 31 octobre 2022, d’une capacité de 13,5 de milliards de mètres cubes gazeux. En ce mois de mars 2022, le constat est que les exportations sont toujours dominées par les hydrocarbures y compris les dérivés, pour le bilan 2021, 34,5 milliards de dollars dont 2,5 de dérivées comptabilisées dans la rubrique des 4 milliards de dollars hors hydrocarbures par le Ministère du commerce, soit environ 98% des exportations totales et en mars 2022, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach irriguant l’ensemble du corps économique et social : taux de croissance, taux d’emploi, niveau de l’inflation, réserves de change : 194 milliards de dollars au 01 janvier 2014 et ayant terminé au 31/12/2021 à environ 44 milliards de dollars. Aussi, dans cette conjoncture, elle ne peut augmenter substantiellement les volumes , peut être entre 3⁄4 milliards de mètres cubes gazeux à travers le Transmed via l’Italie où l’Algérie exporte 22 milliards de mètres cubes vers l’Italie sur une capacité du gazoduc de 33,5 milliards, il reste 11 milliards de mètres cubes supplémentaires qui peuvent être acheminés sans investissements dans l’immédiat mais Sonatrach est confronté à plusieurs contraintes : des contrats de gaz fixes à moyen et long terme dont la révision des clauses demandent du temps ; le désinvestissement dans le secteur rendant urgent la promulgation des décrets de la nouvelle loi des hydrocarbures pour attirer les investissements étrangers, tenant compte de la forte concurrence étrangère et surtout de la forte consommation intérieure qui risque à l’horizon 2025/2030 de dépasser les exportations actuelles.
- Les solutions durables pour renforcer l’approvisionnement de l’Europe : accélérer la transition énergétique
Le problème de la transition énergétique ne se pose pas seulement pour l’Algérie mais pour l’ensemble du monde. D’ici 2030-2035, les investissements prévus dans le cadre de la transition énergétique USA/Europe/Chine, Inde devraient dépasser les 4000 milliards de dollars, où les grosses compagnies devraient réorienter leurs investissements. L’élection américaine sera déterminante pour l’avenir car les démocrates ont une autre vision de la politique énergétique, avec le retour des USA aux accords de Paris COP21 sur le réchauffement climatique. Bien que le nouveau Président dit ne pas vouloir interdire le développement du pétrole/gaz de schiste dont les USA sont le premier producteur mondial, s’engageant avec les nouvelles techniques à améliorer les effets de la fracturation hydraulique, le programme de Joe Biden prévoit 2000 milliards de dollars sur les 20/30 prochaines années, soit 10% du PIB 2019, pour le développement des énergies renouvelables, les industries écologiques et l’efficacité énergétique. L’Europe va dans la même trajectoire. La Commission européenne a fixé, avec le règlement d’exécution du 15 septembre 2020, les règles du nouveau mécanisme de financement des énergies renouvelables Chaque État membre doit contribuer à l’objectif européen de 32% d’énergies renouvelables en 2030. Une trajectoire indicative est fixée pour chacun d’entre eux, pour la période 2021-2030, avec des points de référence à atteindre entre 2025 et 2027, devant mobiliser au moins 1 000 milliards d’euros d’investissements durables dans les 10 années à venir avec des incitations pour attirer les financements privés, grâce, notamment au rôle essentiel que jouera la Banque européenne d’investissement. La Chine, pour tenter de réduire la pollution atmosphérique due à cet usage incontrôlé du charbon, investit massivement dans les énergies renouvelables: elle prévoit d’investir d’ici 2030 375/400/ milliards de dollars. Quant à l’Inde, elle s’est engagée à fortement développer les énergies renouvelables, en disposant en particulier de 100 GW de capacités solaires et de 60 GW éoliens d’ici à fin 2022 (contre 16,6 GW solaires et 32,7 GW éoliens à fin novembre 2017, devant mobiliser pour cette période près de 190 milliards de dollars selon les estimations de la Climate Policy Initiative (CPI). Pour l’Algérie, le président de la République lors du Conseil des ministres en date du 21 novembre 2021 a décidé d’accélérer la transition énergétique dont le développement des énergies renouvelables, afin de couvrir la forte consommation intérieure, en précisant chaque décision majeure, qui engage d’ailleurs la Sécurité nationale, devra être préalablement analysée par le Conseil national de l’énergie. D’où l’urgence de revoir le modèle de consommation énergétique afin de s’adapter aux nouvelles mutations 2022/2025/2030 afin d’asseoir dans les faits et non dans les discours déconnectés de la réalité, les énergies renouvelables représentent moins de 1% de la consommation intérieure, la transition énergétique autour de cinq axes directeurs pouvant être combinés et s’insérant dans le cadre du mix énergétique.
Le premier axe, est d’améliorer l’efficacité énergétique car comment peut-on programmer 2 millions de logements selon les anciennes normes de construction exigeant de fortes consommation d’énergie alors que les techniques modernes économisent 40 à 50% de la consommation? Par ailleurs s’impose une nouvelle politique des prix (prix de cession du gaz sur le marché intérieur, environ un dixième du prix international) occasionnant un gaspillage des ressources, renvoyant à une nouvelle politique des subventions ciblées. Le second axe est l’investissement à l’amont pour de nouvelles découvertes d’hydrocarbures traditionnels. Soyons réalistes, entre 2022/ 2025, comme pour les années passées, 98% des recettes en devises avec les dérivées dépendent toujours des hydrocarbures, nécessitant une nouvelle politique énergétique axée sur l’efficacité et la transition énergétique. Selon les données officielles du premier ministère (source APS), l’assainissement du secteur public marchand durant les 25 dernières années a coûté au Trésor l’équivalent de 250 milliards de dollars et le coût des réévaluations entre 2005-2020, 8900 milliards de dinars soit au cours moyen de 135 dinars : un dollar environ 66 milliards de dollars: continuer sur cette voie est un suicide collectif. Pour la rentabilité des gisements tout dépendra du vecteur prix au niveau international et du coût, pouvant découvrir des milliers de gisements non rentables, posant le problème de la rentabilité, et nécessitant de mobiliser plus de 70 milliards de dollars pour les cinq prochaines années alors que les réserves de change sont estimées à fin 2021 à 44 milliards de dollars malgré toutes les restrictions qui ont paralysé l’appareil de production et accéléré le processus inflationniste du fait que 85% des matières premières des entreprises publiques et privées sont importées en devises. Le troisième axe est le développement des énergies renouvelables devant combiner la thermique et le photovoltaïque dont le coût de production mondial a diminué de plus de 50% et il le sera plus à l’avenir. Or, avec plus de 3 000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire, ou presque. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. La production à grande échelle permettrait de réduire substantiellement les coûts tout en favorisant à l’aval une multitude de PMI-PME, renforçant le tissu industriel à partir des énergies propres (industries écologiques). La promotion des énergies renouvelables suppose des moyens financiers importants en investissement et en recherche-développement. Le fonds technologique pour les énergies renouvelables décidé en conseil des ministres dont le taux est passé de 0,5% à 1% de la rente des hydrocarbures devrait être revu à la hausse à 3% minimum afin de pouvoir permettre le soutien entre le tarif garanti permettant la rentabilité de l’investissement. Grâce aux recettes d’hydrocarbures alimentant ce Fonds, l’Algérie peut éviter de faire supporter ces investissements sur le consommateur à revenus faibles, à l’instar de l’Allemagne où la différence entre le prix garanti et celui du marché, est reportée sur les factures des consommateurs via une surtaxe, suite à sa décision de sortir du nucléaire d’ici à 2022. L’Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la centrale électrique hybride à Hassi R’mel, d’une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant de la combinaison du gaz et du solaire. Cette expérience est intéressante. La combinaison de 20% de gaz conventionnel et 80% de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie. À cet effet, le CREG (l’agence de régulation) a annoncé la publication de décrets destinés à accompagner la mise en œuvre du programme algérien de développement des énergies renouvelables. Des mesures incitatives sont prévues par une politique volontariste à travers l’octroi de subventions pour couvrir les surcoûts qu’il induit sur le système électrique national et la mise en place d’un fonds national de maîtrise de l’énergie (FNME) pour assurer le financement de ces projets et octroyer des prêts non rémunérés et des garanties pour les emprunts effectués auprès des banques et des établissements financiers. Le programme algérien consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation. D’ici 2030, l’objectif de l’Algérie serait de produire, 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Le montant de l’investissement public consacré par l’Algérie à la réalisation de son programme de développement des énergies renouvelables, à l’échéance 2030, selon le Ministère de l’énergie, se situe entre 60/70 milliards de dollars. Le problème : l’Algérie aura-t-elle les capacités d’absorption, la maitrise technologique pour éviter les surcouts, la maîtrise du marché mondial et ne sera-t-il pas préférable de réaliser ces projets dans le cadre d’un partenariat public privé national, international et pourquoi pas dans le cadre de l’intégration de l’Afrique du Nord , pont entre l’Europe et l’Afrique, marché naturel du Maghreb et de l’Europe, continent à enjeux multiples qui à l’horizon 2O3O/2040, tirera la croissance de l’économie mondiale ? Le quatrième axe, selon la déclaration de plusieurs ministres de l’Énergie entre 2013/2020, l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d’électricité galopante. Les réserves prouvées de l’Algérie en uranium avoisinent les 29.000 tonnes, de quoi faire fonctionner deux centrales nucléaires d’une capacité de 1.000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans. Le cinquième axe, l’option du gaz de schiste, l’Algérie possédant le troisième réservoir mondial, environ 19500 milliards de mètres cubes gazeux, selon des études américaines mais qui nécessite, outre un consensus social interne, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies qui protègent l’environnement, et des partenariats avec des firmes de renom (voir étude sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul, pétrole et gaz de schiste, opportunités et risques, Premier ministère -Alger, 2015). L’Algérie est un pays semi-aride, le problème de l’eau étant un enjeu stratégique, doit être opéré un arbitrage entre la protection de l’environnement et la consommation d’eau douce, un milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d’eau douce et devant forer plusieurs centaines de puits moyens pour un milliard de mètres cubes gazeux et devant tenir compte de la durée courte de la vie du puits, cinq années maximum, et la nécessaire entente avec des pays riverains se partageant ces nappes. Le sixième axe est de redynamiser le projet GALSI, Gazoduc Algérie–Sardaigne–Italie, qui devait être mis en service en 2012, d’un coût initial de 3 milliards de dollars et d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux, qui devait approvisionner également la Corse. Projet abandonné par l’Algérie, suite à l’offensive du géant russe Gazprom, étendant ses parts de marché, avec des pertes financières de Sonatrach ayant consacré d’importants montants en devises et dinars pour les études de faisabilité. Le septième axe est d’accélérer la réalisation du gazoduc Nigeria –Europe via l’Algérie. La faisabilité du projet du gazoduc Nigeria Europe, doit tenir compte des nouvelles mutations gazières mondiales pour évaluer sa rentabilité, car les lettres d’intention ne sont pas des contrats définitifs. Comme le démontre une importante étude de l’IRIS du 19 août 2021, le gazoduc reliant le Nigeria à l’Europe, principal client qui doit se prononcer également sur ce projet, est l’objet d’enjeux géostratégiques importants pour la région. La rentabilité du projet Nigeria Europe, suppose quatre conditions. Premièrement, la mobilisation du financement, alors que les réserves de change sont à un niveau relativement faible au 01 janvier 2021, pour l’Algérie de 48 milliards de dollars pour 44 millions d’habitants, le Maroc 36 milliards de dollars pour 37 millions d’habitants et le Nigeria 33 milliards de dollars pour 210 millions d’habitants. Le Nigeria et l’Algérie traversent une crise de financement, devant impliquer des groupes financiers internationaux, l’Europe, principal client, et sans son accord et son apport financier, il sera difficile voire impossible de lancer ce projet. Deuxièmement, l’évolution du prix de cession du gaz car comme le souligne le PDG de Sonatrach, Intervenant lors du Forum de la Chaîne 1 de la Radio nationale, le 12 septembre 2021 a précisé que la faisabilité est liée à l’étude du marché au vu de la baisse du prix du gaz, ce qui pourrait, selon Sonatrach , « influer sur la prise de décision de lancer un tel investissement », d’où la démarche de lancer une étude du marché pour déterminer la demande sur le gaz avant de trancher sur l’opportunité de s’engager dans ce projet ». Cette faisabilité implique la détermination du seuil de rentabilité en fonction de la concurrence d’autres producteurs, du coût et de l’évolution du prix du gaz. Troisièmement, la sécurité et les accords avec certains pays, le projet traverse plusieurs zones alors instables et qui mettent en péril sa fiabilité avec les groupes de militants armés du Delta du Niger qui arrivent à déstabiliser la fourniture et l’approvisionnement en gaz. Les conséquences d’une telle action, si elle se reproduit, pourraient remettre en cause la rentabilité de ce projet. Il faudra impliquer les États traversés où il faudra négocier pour le droit de passage (paiement de royalties) donc évaluer les risques d’ordre économique, politique, juridique et sécuritaire. Quatrièmement, pour la faisabilité du projet NIGAL, la demande future européenne sera déterminante ainsi que la concurrence qui influe sur la rentabilité de ce projet.
Conclusion
L’effort continu, de modernisation des équipements, ainsi que les nombreux effectifs de sécurité dont l’Algérie dispose, ont permis au pays de contrer de façon efficace les menaces terroristes. Face aux tensions actuelles en Ukraine, l’Algérie a adopté une position de neutralité entretenant des relations diplomatiques cordiales tant avec les USA et l’Union européenne qu’avec la Russie et la Chine, expliquant d’ailleurs sa position à l’ONU le 2 mars 2022, appelant à la retenue et au dialogue, au respect du droit international, la même position d’ailleurs que bon nombre de pays africains et de la Chine. Sur le plan des relations énergétiques, Sonatrach est guidée essentiellement par une position purement commerciale pour satisfaire le marché intérieur et honorer ses engagements internationaux. Car nul doute que l’évolution de la guerre en Ukraine aura des conséquences sur la morphologie du monde multipolaire. La future stratégie énergétique affecte les recompositions politiques à l’intérieur des États comme à l’échelle des espaces régionaux’. La stratégie gazière mondiale et notamment en Méditerranée, principal marché de l’Algérie, où la concurrence est acerbe, ne devant jamais oublier que dans la pratique des affaires et des relations internationales, n’existent pas que de sentiments mais aussi des intérêts, chaque pays défendant que ses intérêts propres.
Professeur des universités, expert international
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Abderrahmane Mebtoulhttps://lepontdesidees.fr/author/amebtoulauteur/
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Abderrahmane Mebtoulhttps://lepontdesidees.fr/author/amebtoulauteur/
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