Le Pont

La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie. – Hannah Arendt

Le clivage intergénérationnel dans la société française 

Nous observons de nos jours de nombreux clivages dans la société française, on les retrouve dans les sujets traduisant de l’homosexualité par exemple, la question des sexes, la politique en général, les discriminations etc…On observe ainsi une rupture grandissante qui s’est imposée entre les générations antérieures et les nouvelles qu’on observe dans la vie courante par une différence de langage, de centres d’intérêts, de vision du monde, de besoins et de demandes. Aujourd’hui ces générations s’opposent ! Le clivage qui plane sur notre société se définit par une séparation des idées et des opinions, par groupes ou par niveaux.

Les questions qu’on peut être amenées à se poser sont nombreuses ; pourquoi ce clivage en politique, pourquoi aujourd’hui, peut-on remettre la faute sur une génération en particulier, pouvons-nous colmater cette séparation ou encore comment rapprocher les générations ?

De plus s’y ajoute les questions d’une société élitiste qui dans sa définition se trouve en opposition directe avec les termes d’égalité et de République. Notre enquête s’est portée auprès de la population française venant de différents milieux sociaux et d’âges différents.

Aujourd’hui générations antérieures et nouvelles portent toutes deux de l’importance à la politique malgré les idées que nous laisse entendre la société dans laquelle les jeunes ne portent que trop peu d’importance à la politique. Certains jeunes votent et d’autres non mais ce schéma se retrouve aussi chez les générations antérieures. Ce qui les rapproches c’est que chacun vote par conviction, par désir de défendre des idéaux et de vouloir changer les choses même si les attentes à la fin sont le plus souvent éloignées. Tous se retrouvent également dans l’attente des qualités que doit porter un chef d’État. Avoir du charisme, qu’il est de la hauteur pour représenter la Nation et non des individus ou groupes qui la composent et qu’il soit objectif et équitable. Le premier sujet de discorde entre les générations s’opère lors des attentes d’un programme politique. Les générations antérieures attendent ; Sécurité, Justice, Retraite, Éducation là où la jeunesse attend Politiques Environnementales, Politiques Extérieurs et coût de la vie.

Les deux générations se retrouvent aussi sur un même point, celui de ne pas se sentir représenter par la classe politique actuelle peu importe les âges. Tous ont souvent l’impression que la classe politique est sectaire, intolérante et se soucie assez peu des vrais sujets qui intéressent la vie quotidienne de leurs administrés. De plus la population est quasiment persuadée que l’âge des parlementaires, qu’ils soient députés ou sénateurs constitue un réel problème. Ils pensent aussi qu’il n’est pas sain que les retraités soient surreprésentés, ou qu’un grand nombre de parlementaires n’aient jamais exercé de métier dans la société civile, du fait de leur formation ENA et Sciences PO. Malgré tout pour eux il est plus important que, pris dans leur ensemble ils soient représentatifs de ce qu’est la société française ; nombre de femmes et présence d’une bonne représentation des activités professionnelles.

Pour beaucoup de la génération antérieure les jeunes font l’erreur de croire qu’ils n’ont pas besoin de l’expérience des anciens et qu’ils ne prennent pas suffisamment en compte les constats et leçons de l’Histoire. Pour les jeunes les générations antérieures ne les écoutent pas suffisamment et font l’erreur de ne pas savoir dételer sans avoir formé les forces nouvelles. Finalement les erreurs sont les mêmes les uns envers les autres : peut-être trop penser à soi et ne pas vraiment s’intéresser et se mettre à la place de l’autre génération. Pour beaucoup de jeunes aujourd’hui leur désintérêt pour la politique se trouve dans la difficulté de notre époque à se projeter vers l’avenir. Qu’est-ce que cela signifie pour un jeune diplômé de nos jours à peine lancé dans le grand bain de la vie sociale alors même qu’il ne trouve que des boulots sous-qualifiés ou pas de boulot du tout ?

Pour les Français l’école devrait jouer ce rôle d’intéressement mais pour tous la conclusion est la même : l’Éducation Nationale est aujourd’hui très éloignée de son concept tel que l’avait rêvé Jules Ferry. Problème de formation des maîtres, problème du rôle des parents, problème des différences de niveau dans une même classe…. La situation est extrêmement complexe et ne saurait être solutionnée par des discours du style « YA KA, FAUT QU’ON !!! »

Enfin les deux générations se retrouvent dans une même volonté ; celle de vouloir intéresser l’autre à la sienne. Pour toutes et tous il faudra bien que chacun se regarde et s’écoute, sans aucun sentiment de supériorité, sans morgue, sans parti-pris, sans arrière-pensée. Le chantier est immense et ne pourra avoir une chance de réussite qu’avec de la tolérance partagée.

Pour ce qui est de la société élitiste, la Constitution de 1958 a voulu construire une société égalitaire. La loi suprême est donc le garant normal d’une société non élitiste. Après la seconde guerre mondiale d’ailleurs, même si tout n’a pas été idéal, l’ascenseur social a assez bien fonctionné. Depuis quelques décennies les choses se sont gâtées. Les accès à l’université sont devenus plus difficiles pour les bacheliers des familles moins aisées, et la sociologie des grandes écoles montre très clairement un recrutement d’élèves majoritairement recrutés chez les cadres supérieurs du Public et du privé. De ce fait on peut douter d’une société égalitaire, et d’ailleurs tant que l’on présentera la réussite d’un enfant d’ouvrier comme un exploit exemplaire et une exception on n’ira pas dans le bon sens. Poser cette question c’est y apporter une réponse. Donc bien sûr que cela pose problème et peut laisser craindre que les fractures au lieu de se réduire pourraient dangereusement s’aggraver. Pour une certaine classe de la société, la plus élevée, l’ouverture sociale les affaiblirait. Cependant pour la majorité de la population et notamment chez les jeunes, cette pluralité dans les hautes sphères de l’État peut permettre une ouverture d’esprit et le panachage des idées ne peut qu’être positif, et sûrement plus du bas vers le haut.

Pour conclure cette enquête nous démontre bien que les attentes et les demandes sont très différentes entre les générations. Notre société dans notre époque est en état d’urgence. Il y a de la méfiance entre les générations, même de la peur qui résulte à créer ce clivage. Cependant pour nombre d’entre eux seul une grande volonté de chacun pourrait combler le fossé. Le mot de fin sera alors pour tous, l’ÉCOUTE d’ailleurs Marivaux disait « bien écouter, c’est presque répondre ».

 

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