Le wokisme: La Republique en danger
Olivier Passelecq
Depuis une dizaine d’année est apparue en France une nouvelle idéologie dite « postmoderne », importée des Etats-Unis, que l’on surnomme le « Wokisme », dont la plupart de nos compatriotes ignorent complètement la signification mais dont ils peuvent tous les jours constater les effets mortifères dans les médias, qui relaient avec complaisance les thèses défendues par les adeptes ce nouveau courant de pensée, dont l’ultra gauche a fait son arme de bataille[1].
Il convient donc de commencer par définir ce qu’est exactement le Wokisme et d’en mesurer toute la portée politique.
Être « woke » signifie être « éveillé ». Éveillé à toute forme de discrimination dont seraient victimes les minorités. Mais pas n’importe quelle minorité, et pas dans n’importe quelle société ! C’est ici précisément qu’apparaît dans toute sa perversité la vraie nature du Wokisme.
À la question : « Dans quelle société ? », la réponse n’est absolument pas celle que l’on pourrait attendre. Dans le monde entier ? Pas du tout ! Uniquement dans les pays occidentaux ! Et cela parce que pour un wokiste, qui veut imposer sa vision manichéenne de la réalité, il n’existe socialement que des dominateurs et des dominés, des coupables et des victimes, et que dans cette vision binaire, le grand dominateur, c’est évidemment l’Occident, et son pire crime, la colonisation.
À l’autre question concernant les diverses formes de discrimination, pour un wokiste, la liste est longue, mais désigne toujours un seul et même coupable : l’homme blanc, le patriarche, le raciste, le capitaliste, le conservateur… Bref le grand Satan coupable de toutes les oppressions à l’encontre des femmes, des jeunes, de la communauté LGBTQIA+, des migrants, de toutes celles et ceux qui n’ont pas la même couleur de peau que lui, etc.
Mais cette grande entreprise de « déconstruction », pour employer un terme emprunté à la sociologie politique, ou de démolition, pour utiliser un mot plus simple et plus direct, s’accompagne d’un autre phénomène tout autant redoutable qui porte le nom (une fois de plus en Anglais, bien sûr) de « cancel culture ». La « cancel culture » consiste à ostraciser quiconque ose critiquer les idées et les pratiques du Wokisme, en l’accusant immédiatement – selon la formule consacrée ─ de « faire le jeu de l’extrême-droite », en refusant tout débat et en abolissant ainsi toute liberté d’expression. C’est pour cela que Wokisme et Cancel culture ne sont rien d’autre qu’un nouveau totalitarisme, qui veut faire table rase du passé, de l’histoire, de l’art, de la littérature et de tout l’héritage de la civilisation occidentale.
Cette sorte de fanatisme fait immédiatement penser aux positions les plus extrêmes qui peuvent s’exprimer dans des courants sectaires ou religieux. C’est la raison pour laquelle certains auteurs, tel Jean-François Braunstein, n’hésitent pas à parler d’une « Religion Woke », avec son dogme, ses pratiques, son intolérance.
Une intolérance qui conduit le Wokisme à choisir comme principe d’action, et là existe un vrai poison mortel pour l’unité nationale, une logique de guerre civile : la guerre des sexes, la guerre des races, la guerre des générations[2]… Autant de conflits qui menacent frontalement les valeurs fondamentales de l’universalisme Républicain hérité des Lumières, qu’incarne magnifiquement sa devise Liberté, Egalité et Fraternité, inscrite dans notre Constitution.
Sans vouloir surestimer ce mouvement de déconstruction, il ne faudrait surtout pas le sous-estimer, tant sa montée en puissance est d’une rapidité fulgurante et d’une force impressionnante. Né sur les campus américains, le Wokisme pénètre aujourd’hui bon nombre d’universités françaises et d’Instituts d’Etudes Politiques, ce qui est déjà grave, et, ce qui est encore plus grave, c’est que l’actuel ministre de l’Education Nationale est loin d’être étranger à ce courant de pensée…
En guise de conclusion, nous dirons donc que pour faire face aux « éveillés », il ne faut pas hésiter à se montrer de plus en plus « vigilants » ! C’est l’avenir de la démocratie qui est en jeu.
[1] Si la quasi-totalité des Français ignorent ce qu’est le Wokisme, ils peuvent en revanche s’en faire une idée bien précise avec les propos et les prises de position de Sandrine Rousseau.
[2] Pour reprendre les termes de Pierre-Henri Tavoillot dans son interview publiée par la Revue des anciens élèves de SciencesPo (N° 26, Automne 2022)
Professeur de droit public à l’IPAG de l’Université Panthéon Assas
-
Olivier Passelecqhttps://lepontdesidees.fr/author/opasselecqauteur/
-
Olivier Passelecqhttps://lepontdesidees.fr/author/opasselecqauteur/
-
Olivier Passelecqhttps://lepontdesidees.fr/author/opasselecqauteur/
-
Olivier Passelecqhttps://lepontdesidees.fr/author/opasselecqauteur/
Responses