Un pogrom en Israël…suivi de la guerre à Gaza
Émile H. Malet
Le 7 octobre, le Hamas palestinien, organisation terroriste représentant le peuple palestinien à Gaza depuis 2006 à la suite d’élections et sous la coupe du régime des mollahs iraniens, a exécuté le pire pogrom que le monde a connu depuis la Shoa perpétrée par le régime nazi en programmant la destruction des juifs d’Europe. Six millions s’en sont allés alors comme des feuilles mortes emportées par une histoire qui ressuscitée de son horreur proclamait : « plus jamais ça ! ». Le Hamas est venu souiller cette histoire en envoyant 3 000 de ses mercenaires envahir le sud d’Israël en détruisant tout sur leur passage : les hommes, les femmes, les vieux, les bébés, les animaux domestiques… dès lors qu’ils étaient juifs. Inutile d’insister sur la sauvagerie de cette invasion, les images laissées par les agresseurs témoignent d’une barbarie innommable et d’une déshumanisation absolue. En complément de ce forfait effroyable qui comptabilise 1 200 victimes, les mercenaires du Hamas ont raflé et pris en otages 250 personnes croupissant dans les tunnels gazaouis et servant de boucliers humains – à l’instar de la population palestinienne résidant à Gaza et captive du Hamas.
Penchons-nous sur ce que nous dit ce massacre :
. Qu’il s’agisse du Hamas, au sud d’Israël, comme du Hezbollah au nord, avec des excroissances terroristes partout ailleurs dans ce Moyen-Orient compliqué, nous sommes en présence d’entités guerrières à visée génocidaire actionnées par une puissance théocratique : l’Iran qui a juré la mort d’Israël en diabolisant le sionisme et les juifs.
. Pas plus le Hamas que le Hezbollah ne sont préoccupés de l’avenir étatique et souverain des Palestiniens sinon qu’ils servent les intérêts du régime des mollahs iraniens dont l’objectif premier est de se servir de la cause palestinienne pour asseoir une domination islamique sur le monde arabe- auquel l’Iran perse est étranger. Chacun sait, et je peux témoigner avoir entendu des responsables arabes, notamment d’Arabie saoudite, déclarer in-petto que l’Iran convoite les lieux saints de la Mecque et Médine. Une revanche chiite de l’histoire depuis le schisme islamique au VIIe siècle qui a vu la domination de la lignée sunnite mahométaine.
. Le Hamas a servi de porte-flingue à l’Iran dans le massacre du 7 octobre avec pour visée géostratégique immédiate l’annihilation du rapprochement entre Israël et l’Arabie saoudite et dans la foulée l’écroulement des Accords d’Abraham qui ont scellé des reconnaissances entre plusieurs pays arabes (Maroc, Soudan, Bahreïn, EAU) et Israël. Une véritable avancée diplomatique remise en cause aujourd’hui. Mais pas irrémédiablement si le conflit né du 7 octobre reste circonscrit aux protagonistes Israël / Hamas sans extension régionale.
. La riposte israélienne est légitime : ce pays a le droit et même le devoir de se défendre. Pour assurer la sécurité à ses frontières, au nord comme au sud, ce qui suppose une neutralisation de ses ennemis génocidaires : Hamas et Hezbollah. Pour récupérer aussi les otages qui croupissent dans les sous-sols gazaouis. Mais ce droit à se défendre doit se faire dans le discernement humanitaire en épargnant autant que faire se peut la population palestinienne. Par ce qu’une démocratie, à la différence des milices terroristes, doit respecter des contraintes morales et humaines jusque dans la légitime défense de son territoire et de sa population. Il est de surcroît dans l’intérêt d’Israël de renouer et de prolonger ces prometteurs accords d’Abraham pour mieux asseoir sa présence durable et sécurisée au Proche-Orient.
. L’Iran est aujourd’hui le moteur du terrorisme au Proche-Orient mais aussi en Europe en livrant des drones meurtriers à la Russie poutinienne et en attisant partout des foyers terroristes. L’Iran est à la fois complice des crimes russes à Boutcha que du massacre du 7 octobre en Israël. Malheureusement, ce pays fanatisé à la violence et à l’islamisme est soutenu par des puissances émergentes et fait partie d’un Sud global qui de l’Orient à l’Asie et l’Afrique s’affiche anti-occidental. Plus grave encore, sa marche vers l’atome, d’abord civil mais militaire à coup sûr, est un danger pour la paix du monde et le concert pacifique des nations.
. Le monde arabo-musulman devrait pouvoir se ressaisir en se distançant de ses « rues arabes » qui crient à la vengeance anti-Israël et anti-juifs dès qu’il prendra conscience que le Hamas et consorts terroristes constitue un poison pour la stabilité des régimes en place et surtout pour leur évolution vers le progrès et la démocratie. Sans que cela ne remette en cause leur soutien légitime à la cause palestinienne.
. De partout s’élèvent des voix pour réclamer la création d’un Etat palestinien. Les obstacles à cette nécessaire indépendance sont nombreux mais ne résident pas du seul côté israélien avec le développement de la colonisation. Le « tout ou rien » de la partie palestinienne, depuis 1948 jusqu’à aujourd’hui, n’aura pas permis de progresser dans l’indispensable compromis à trouver entre Israéliens et Palestiniens. C’est à ce « tout ou rien » palestinien que l’on doit la montée d’une extrême droite en Israël et un revival du nationalisme. Symétriquement, la montée de l’islamisme fanatique et guerrier est en train de gangréner une large partie du monde arabe, y compris des musulmans vivant à l’extérieur des territoires arabes.
. La montée de l’antisémitisme s’observe presque partout avec ce paradoxe qu’il est moins présent là où ses sources principielles existaient, c’est-à-dire l’extrême droite, et qu’il renait dans une monstration violente et lâchement exhibitionniste sur les rives de l’islamo-gauchisme. Certes, l’antisémitisme est une denrée qui a servi toutes les idéologies, de droite comme de gauche, il est aujourd’hui réensemencé par une gauche déraisonnable et ayant perdu ses repères républicains – tel est le cas du parti LFI des Insoumis en France, par des citoyens vivant dans les banlieues des grandes métropoles européennes et de confession musulmane et par des pays qui à l’instar de l’Iran ont voué Israël et les juifs aux gémonies génocidaires.
. Les manifestations de rue dans les diverses capitales éloignent de la paix et ne servent pas la cause palestinienne. Que ce soit à Londres, sous le slogan négationniste : « from the river to the sea »… c’est-à-dire du Jourdain à la Méditerranée, l’établissement d’un Etat palestinien effaçant – comme au temps d’Ahmed Choukairi et de l’OLP- l’État d’Israël, à Berlin au son macabre et mortifère de Heil Palestine, à Paris, New-York, Madrid, Dublin… de « Palestine vaincra », une Palestine englobant toute la terre convoitée, ou de manière plus explicite : « Mort à Israël », il s’agit parmi toutes ces foules qui se disent propalestiniennes d’entretenir le fantasme mortifère de la fin de l’État hébreu. À ce sujet, un certain nombre de diplomates européens ont bien souvent conforté les responsables palestiniens dans leur souhait maximaliste du « tout ou rien » en les détournant d’une solution négociée de partage de la terre qui conduirait à deux États vivant côte à côte. Ce qui les a par exemple poussés à critiquer les Accords d’Abraham, peu conformes à leurs propres illusions d’une mise au rencart d’Israël en marginalisant ce pays comme un État -canaille sur la scène internationale. La politique israélienne de Benjamin Netanyahou et de ses ministres d’extrême droite est aussi critiquable pour sa poursuite de la colonisation et ne saurait être exonérée de sa part de responsabilité. Mais qui ne voit qu’à laisser impunément s’exprimer une vulgate génocidaire, c’est bien de cela qu’il est question à la fois quand le Hamas a commis e 7 octobre le pire pogrom depuis la Shoa au nom de « mort aux juifs », « tuons tous les juifs » et quand les » défilés de la haine », selon la juste expression de Suella Braverman (ancienne ministre de l’Intérieur britannique), aux quatre coins de la planète manifestent leur soutien à une Palestine débarrassée d’Israël. En somme, ce pogrom aura eu pour triste effet d’annihiler tous les efforts de ces dernières décennies pour dénouer le conflit israélo-palestinien de sa fatalité violente et dramatique. Avec pour prolongements collatéraux un retour du refoulé antisémite actualisé aux délires islamo-gauchistes et sa démonisation du sionisme comme une idéologie coloniale. La manifestation contre l’antisémitisme du 12 novembre en France, qui a pu rassembler près de 200 000 personnes, est toutefois venue montrer que la classe politique française, exceptés LFI et Mélenchon, combattait le séparatisme islamiste et l’antisémitisme qui lui colle à la peau.
Quoi conclure de cette situation dramatiquement incandescente et qui si on n’y prend garde et raison peut entraîner le monde dans la tourmente de la guerre et d’un conflit de civilisations. Il est vrai que le clivage idéologique de la planète entre la fougue révolutionnaire et émotionnelle et la tempérance libérale et démocratique reste d’actualité. Comme Raymond Aron qui refusait de verser dans les fantasmes apocalyptiques tout en restant lucide sur les désordres mondiaux, mieux vaut s’en tenir à sa perspective : « guerre improbable, paix impossible » que d’écouter et de se brancher sur les prophètes de l’absolu et du malheur qui font florès dans les régimes totalitaires et parmi nos islamo-gauchistes et qui au nom supposé du Bien et de la feinte vertu n’ont fait qu’ajouter au malheur du monde en exacerbant les identités, la haine de l’Occident, l’antisémitisme, le relativisme culturel… et la guerre.
Journaliste, directeur de la Revue Passages et de l’Association ADAPes, animateur de l’émission « Ces idées qui gouvernent le monde » sur LCP, président de Le Pont des Idées
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