Une sérieuse menace contre la paix et la sécurité
Le monde traverse ces derniers jours une passe bien ardue. C’est une violente secousse que subit l’ordre mondial, fondé, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, sur les valeurs de l’égalité et la coopération, en accord avec les règles qu’impose le droit international, le renforcement de la stabilité et le non recours à la force dans les relations entre les Etats. Cette tendance s’est amplifiée depuis les années quatre-vingt-dix du siècle dernier. Un climat d’optimisme s’est alors installé en mettant l’accent sur le développement économique, l’élimination des obstacles devant le commerce international et les valeurs de solidarité et de coopération entre les différents membres de la communauté internationale. Cela a été couronné par l’adoption, lors du Sommet des Nations unies sur le développement durable à New York en 2015, de la liste comprenant les 17 objectifs du développement durable connue également sous l’appellation objectifs mondiaux du fait qu’elle constitue un appel mondial à l’éradication de la pauvreté, la protection de la planète, la paix et la prospérité pour tous les peuples, la promotion des valeurs de la création, du savoir et de la technologie. L’année 2030 a été fixée, à cet instant, comme la date butoir pour la réalisation de ces objectifs.
Malgré les nombreux problèmes, obstacles et dérogations, l’ordre mondial est resté bien orienté vers la coopération et la solidarité. Les principes du développement économique et l’esprit du multilatéralisme étaient prédominant, ainsi que le respect du droit international et la charte des Nations unies. Des rapports internationaux, en premier lieu le rapport annuel du Programme des Nations unie pour le développement (PNUD), ont salué les réalisations en direction du développement durable et la diffusion de l’esprit large prenant en compte la durabilité, et ses facteurs relatifs à l’économie verte et circulaire, les écosystèmes et la biodiversité; des notions que nous utilisons maintenant tous les jours alors qu’elles ne sont entrées dans les dictionnaires qu’il y a à peine dix ans.
L’optimisme s’est installé à propos de la continuité de cet élan vers le développement durable pour qu’il devienne lui-même durable. Le rapport du Programme des Nations unies pour le développement humain a observé, dans toutes les régions, un bon niveau de croissance économique et davantage de développement durable.
En même temps, des conflits et des affrontements qui ont résisté à toutes les tentatives de conciliation et de résolution, ont perduré. De nouvelles zones de tentions et de confrontations sont apparues. Des fissures ont été également constatées dans l’ordre international fondé sur le multilatéralisme. Certains de ces conflits ont évolué au point d’arriver à la confrontation armée directe comme nous le constatons aujourd’hui dans la crise russo-ukrainienne qui s’est muée en une sérieuse menace contre la paix et la sécurité internationales. Nous espérons qu’il s’arrêtera au plus vite avec un retour au dialogue, à la négociation et à la diplomatie, pour aboutir à une solution pacifique garantissant à toutes les parties leurs droits légitimes, ramenant la sécurité et la stabilité, protégeant les civils et évitant à la région et au monde les dangereuses conséquences aux niveaux politique, économique et humanitaire, et dans le respect du droit international et la charte des Nations Unies.
L’Arabie Saoudite a essayé dès les premiers jours de la crise, d’encourager une solution politique et d’arrêter l’escalade. Le Prince héritier Son Altesse Royale Mohamed bin Salman a eu plusieurs entretiens avec de nombreux chefs d’états dont le Président Macron, le Président russe Poutine et le Président ukrainien Zelensky. Son Altesse les a assurés du soutien du Royaume à la désescalade et de sa disposition à toute intermédiation pouvant aider à la recherche d’une solution politique et diplomatique. La diplomatie Saoudienne a été très active à cette égard.
Permettez-moi de donner un éclairage sur le Royaume d’Arabie Saoudite et les développements que notre pays témoigne depuis le lancement en 2016 de sa Vision 2030.
Le Royaume d’Arabie saoudite est un pays de civilisation ancienne. L’Etat saoudien moderne a pris ses racines dans le premier Etat créé le 22 février 1772. L’unification du Royaume contemporain a été déclarée le 23 septembre 1932. Il est membre fondateur de l’ONU, de la Ligue des Etats arabes, de l’UNESCO et de bien d’autres organisations internationales.
L’Etat saoudien a promulgué un ensemble de lois et de nouveaux codes relatifs à la réforme des législations concernant la famille, le code pénal, la procédure pénale, le droit administratif, les communes et les services. Il y eût aussi une révision totale des manuels scolaires. Cela s’est accompagné de lancement d’une série de grands projets dans beaucoup des domaines, notamment les infrastructures, les énergie renouvelables, l’environnement, les arts, le tourisme.
Au niveau extérieur le Royaume a des relations d’amitié et de coopération excellentes, politiques et économiques, avec la plupart des pays de monde.
Avec la République française, les relations sont engagées dans un partenariat stratégique du fait que les relations entre les deux pays s’approfondissent davantage dans tous les domaines, politique, économique aussi bien que culturel. Cela s’est clairement montré lors de l’importante visite effectuée par le Président E. Macron au Royaume en décembre dernier. Visite au cours de laquelle il s’est entretenu avec Son Altesse royale le Prince héritier et y ont été signés plusieurs accords et protocoles de coopération et de concertation visant à raffermir le partenariat au niveau des deux pays. Il reste encore, sans aucun doute, à envisager un raffermissement de cette coopération et sa transition vers de nouveaux horizons et vers de plus larges domaines.
L’Arabie saoudite est aussi partie prenante de toutes les conventions et tous les accords multilatéraux au niveau international concernant le renforcement de la coopération, la sécurité et la paix dans le monde ou la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme et pour le raffermissement de l’entente et le dialogue. Sans oublier les organisations spécialisées dans les domaines de la santé, du commerce et du développement.
L’Arabie saoudite a toujours adopté une politique étrangère construite sur les piliers de bon voisinage, le respect mutuel et la coopération, soit au niveau régional soit international, tout en prenant ses responsabilités et une position ferme contre ce qui menace la sécurité, la stabilité, et la paix.
A propos du Yémen, l’Arabie Saoudite a toujours été aux côtés de Yémen et du peuple frère yéménite. Elle a confirmé constamment son soutien gouvernement légitime et pour l’arrêt immédiat des actions militaires et de la violence par les milices Houthis, elle prône le retour à la table des négociations vers une solution politique. Et l’arrêt immédiat des attaques terroristes menées par les Houthis contre les civils en Arabie saoudite et dans les pays voisins, comme observé récemment contre les Emirats Arabes Unis.
Le Royaume a proposé plusieurs initiatives en vue d’une solution politique et pacifique mais elles ont été rejetées par les milices Houthis. La dernière initiative a été présentée en mars 2021. L’initiative a été soutenue par beaucoup de pays et organisations régionales et internationales, dont la France, les Etats Unis, les Nations Unies et l’Union européenne. Mais elle fut rejetée encore une fois par les milices Houthis qui ont choisi de continuer leurs attaques terroristes contre les sites civils et les installations économiques en Arabie Saoudite et dans les autres pays de la région, spécifiquement les Emirats Arabes Unis. Nous saluons la résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies du mois de février dernier, qualifiant la milice Houthi de groupe terroriste, et l’extension de l’embargo sur les armes aux milices terroristes.
L’Arabie saoudite est le premier pays donateur au peuple yéménite, via le Centre du Roi Salman pour l’aide humanitaire et le Secours, en coopération avec d’autres agences internationales spécialisées.
L’Iran est un pays voisin important. Nous croyons que nos deux peuples peuvent et doivent vivre toujours en paix et en harmonie. La politique iranienne, malheureusement, a adopté depuis des années une politique complètement opposée à ces objectifs et principes, y compris comme nous le savons, avec son programme nucléaire, son programme des missiles balistiques, et diverses interventions dans les affaires intérieures d’autres Etats, en soutenant et livrant des armes aux milices et groupe armés terroristes.
Nous avons toujours adopté une politique de coopération et de dialogue, en vue de faire des pas pour établir la confiance avec les Etats de la région et la communauté internationale. Nous espérons que les négociations actuelles sur le dossier nucléaire prennent en compte les préoccupations de tous les pays de la région, pour permettre un accord solide et durable.
En ce qui concerne le Liban : l’Arabie Saoudite et la France travaillent toujours ensemble pour la sécurité et la souveraineté du Liban. Ils collaborent aussi pour améliorer la situation économique difficile dans laquelle le peuple libanais se trouve. Pendant la visite du Président Macron en Arabie saoudite en décembre dernier, il a été convenu entre les deux pays de créer un fond commun pour aider la population libanaise.
En ce qui concerne la question palestinienne : le Royaume est le premier pays à avoir présenté une initiative pour la paix avec Israël. Elle a été soumise aux Etats arabes à travers la Ligue arabe. Les Etats arabes l’ont adoptée pour devenir ultérieurement l’initiative arabe pour la paix. Par la suite, c’est l’Organisation de la coopération islamique, avec ses 57 membres et nombre d’observateurs, qui l’a également adoptée. Cette initiative s’appuie sur une proposition faite à Israël d’accepter la création d’un Etat palestinien en accord avec la légitimité internationale et le droit international, en contrepartie de l’instauration de la paix avec l’Etat d’Israël et la normalisation totale des relations avec cet Etat, ce qui sera bénéfique, sans doute, à toute la région.
Communication faite lors du Dîner du Dialogue (Passages-ADAPes, Le Pont) au Restaurant du Sénat le mercredi 9 mars 2022.
Ambassadeur du royaume d’Arabie saoudite en France
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