Bertrand Delais : le photographe, à la lumière de son intimité
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Bertrand Delais, ancien documentariste et directeur de LCP, est photographe. Nous l’avons rencontré en vue de son exposition « Intimité(s) » à la Mairie du 6e arrondissement de Paris, du 22 mars au 8 avril 2025. Nous abordons son parcours de photographe, du club photo de sa mairie communiste aux galeries parisiennes, sa vision et son style unique, avec l’importance du flou et de la matière dans son art, et de l’importance de l’art pour lui-même, pour le spectateur, et pour la société en général.
Marie Racoillet : Vous êtes écrivain et documentariste, anciennement directeur de LCP, La Chaine Parlementaire. Pouvez-vous me parler de votre parcours et plus particulièrement artistique ? Comment avez-vous découvert la photographie ?
J’étais surtout documentariste, je le suis plus maintenant, mais j’ai longtemps été réalisateur de documentaires et maintenant je suis producteur. Et photographe. J’ai commencé par la photo, à l’âge de douze ans. J’ai fait ma première exposition collective à l’âge de quinze ans. En fait, j’ai fait de la photo parce que j’avais une vie personnelle un peu difficile à la préadolescence, et le fait de s’enfermer dans un labo photo, dans le noir, en étant seul, était un refuge. C’était l’endroit où finalement je construisais mon monde, en me sentant presque protégé de toutes les agressions extérieures. J’ai eu la chance, dans la ville où j’ai grandi, c’était une ville communiste où il y avait un club photo qui était assez structuré, avec des expositions régulières, de rencontrer des photographes, qui étaient souvent des compagnons de route du parti. C’était Robert Doisneau par exemple. Donc j’ai eu de la chance, et l’animateur du club photo était par ailleurs un tireur professionnel. C’était vraiment un environnement où on apprenait les bases de la photographie, au sens classique du terme. Et de là, comme j’avais une passion pour les films d’histoire, d’archives, la politique, je suis un peu naturellement passé de la photo à la réalisation.
Il y a une nette différence entre votre travail en tant que réalisateur, où vous proposez des documentaires historiques et politiques, et votre travail en tant que photographe, où vos créations, bien qu’issues de la réalité, me semblent faire appel à l’imaginaire, et à quelque chose de calme, apaisant, loin du monde politique. Comment faites-vous le lien entre ces deux facettes de votre art ?
Au départ j’étais sur des photos noir et blanc, sur des photogrammes. C’était un univers assez voisin, esthétiquement, des films d’archives. Et, le point de différence, qui était dans les films d’archives et pas dans la photo, c’était l’histoire et la politique. Mais ce qui est vrai c’est que quand j’ai commencé à embrasser, après mes études, une carrière de documentariste, je n’ai plus fait de photos. Il fallait faire son trou comme documentariste, il fallait écrire des projets et les vendre, et en fait, il y avait la dimension artistique, créatrice et en même temps je n’avais plus le temps pour avoir une autre démarche à côté. Comme souvent les gens qui prennent une passion pour en faire un travail, ils abandonnent leur passion au passage, c’est un peu ce qui m’est arrivé à ce moment-là. Et j’avais toujours en tête de me dire qu’un jour je reprendrai la photographie. Et puis, et ça je le savais, quand je suis devenu directeur de LCP, j’ai définitivement et totalement abandonné la réalisation, j’avais la sensation d’en avoir un peu « fait le tour », après presque trente ans. Et donc, pas tout de suite, mais un an après, l’envie d’avoir un moment à moi est apparu à nouveau, et puis c’est la photo, plus que la réalisation. Quand vous dirigez une chaine de télévision, vous êtes toujours en collectif, vous travaillez avec différents directeurs, les salariés viennent vous voir, vous n’êtes jamais seul. Et la photo m’a permis de retrouver une activité solitaire, ce qui n’était pas le cas dans la réalisation, c’est aussi un travail d’équipe, et ça, j’ai trouvé ça incroyablement plaisant, d’être à mon rythme, d’être libre, d’être seul. Voilà comment j’ai repris la photo que j’avais mis un peu entre parenthèse plusieurs années, et comme je l’ai fait de manière un peu amateur, j’avais un travail qui me satisfaisait, qui me nourrissait bien, très vite je suis allé dans la recherche de l’univers pictural que j’avais envie de creuser. Je ne me suis jamais posé la question de l’adaptation de ce que je pouvais avoir envie de faire et de ce que j’avais envie de recevoir, la question s’est jamais posée, parce que ce n’était pas un enjeu pour moi. Et, assez étonnamment, et assez bizarrement, j’ai commencé ça et un an après je faisais déjà une exposition dans une galerie, alors que c’est un milieu que je ne connaissais pas du tout, mais ça s’est joué comme ça, et depuis j’essaye d’avancer modestement avec mon univers photographique.
Retrouvez l’intégralité de notre entretien dans le prochain numéro de notre revue Passages (n°225). Pour tout abonnement à la revue, merci d’envoyer un mail sur l’adresse passages4@wanadoo.fr.
Assistante et coordinatrice d'ADAPes / Illustratrice, graphiste et artiste 3D en freelance
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Marie Racoillethttps://lepontdesidees.fr/author/raks/
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