La France a choisi l’écologie politique au détriment de son économie et, le plus souvent, de l’écologie
Une économie française qui se délite
Il n’est pas inutile de rappeler en quelques mots que la légère croissance de l’économie française depuis 2019 ne fut possible que grâce aux transferts sociaux financés par de la dette. « Quoi qu’il en coûte » ! Elle a notamment dissimulé la baisse de la compétitivité de son industrie et de son agriculture, conséquences de la croissance du coût de l’énergie et des réglementations prétendument écologiques.
Macro-écologie
Les rejets mondiaux de gaz à effet de serre ont augmenté en 2023, malgré les tentatives européennes de maitrise des rejets sur ce continent. Ils continueront de le faire : l’Inde utilise son charbon, les pays du sud leur gaz et leur pétrole. La Chine ne va pas fermer ses centrales thermiques même si elle investit massivement dans la production d’électricité par des éoliennes, des panneaux solaires et des centrales nucléaires.
L’équilibre zéro émission de gaz à effet de serre ne sera pas atteint en 2050 pour ces raisons, mais aussi parce que le « tout électrique » est certes techniquement possible mais très onéreux quand on cherche, par exemple, à produire du ciment et de l’acier. Enfin, pour des raisons qui tiennent à des principes de base de la chimie, on sait produire et stocker de l’hydrogène mais craquer une molécule d’eau ou de méthane consomme énormément d’énergie. L’hydrogène, rêve vieux de deux siècles, restera un rêve sauf si on en trouve dans le sol à l’état natif.
Curieuse écologie politique
Il est surprenant en effet de vouloir limiter les rejets de gaz à effet de serre en luttant contre le développement des centrales nucléaires au point de les interdire, alors que c’est la source la moins polluante. L’exemple allemand est édifiant : malgré des investissements colossaux (600 milliards d’euros), en 2023, son mix électrique rejette toujours 7,1 fois plus de gaz à effet de serre (419 grammes par kWh) que le mix français (59grammes).
Il est illogique et couteux de vouloir limiter l’usage de produits phytosanitaires en refusant d’utiliser le potentiel extraordinaire des techniques de génie génétique qui seules peuvent sélectionner des plantes résistantes à tel ou tel parasite et permettent de produire des variétés qui s’adaptent à la croissance des températures et aux stress hydriques dus au réchauffement climatique.
De même, si l’on souhaite optimiser l’usage de l’eau, faut-il laisser agir ceux qui combattent la construction des barrages et des retenues collinaires (les « bassines »), alors qu’ils écrêtent les crues d’automne et d’hiver et, au printemps comme en été, remettent de l’eau dans les champs et les nappes phréatiques ?
Peut-on accepter au nom d’un paganisme d’un autre âge que l’on interdise l’abatage d’arbres venus à maturité ? Peut-on tolérer que des individus brulent des scieries et ainsi empêchent de stocker du carbone dans des bois d’œuvre ?
Coupable faiblesse de la France
Depuis bientôt trente ans (1997) la France s’est engagée à limiter ses rejets de gaz à effet de serre en pourcentage et non pas en valeur absolue et s’est ainsi lourdement pénalisée. De même, au nom d’un prétendue concurrence qui n’existe pas, plusieurs « distributeurs » d’électricité ne produisent aucune énergie mais seulement … des factures. Les gouvernements successifs ont laissé piller notre grande entreprise nationale en acceptant la régulation européenne du marché de l’électricité. Elle n’a pas eu l’effet annoncé à savoir la baisse du prix du kWh, bien au contraire ! En 20 ans, ce prix du kWh a été multiplié par 2,4 ce qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des Français et contribue à la disparition d’un des avantages compétitifs du territoire national.
Ce n’est qu’après une haute lutte que l’énergie nucléaire a été considérée à Bruxelles comme une « énergie de transition » et ceci seulement jusqu’à 2040. Curieusement le gaz avait déjà reçu ce label, pourtant, quand il brule, il produit du gaz carbonique. En outre qui sait que le gaz qui arrive sous forme liquide des Etats-Unis, le GNL, est plus polluant que le gasoil des moteurs thermiques ?
Pourquoi, au nom d’un discutable bien-être animal, a-t-on ajouté des normes françaises à des normes européennes et ainsi pénalisé l’élevage de notre pays pour le bienfait de la Pologne, voire de l’Allemagne ?
Pourquoi limiter l’usage du glyphosate, merveilleux produit, on ne peut plus étudié et pour lequel il n’a jamais été démontré qu’il avait un effet pathogène chez les humains, fussent-ils des usagers fréquents ? Pourtant cet herbicide en permettant d’éviter les labours améliore grandement la vie des sols et limite la consommation de gasoil.
Où a-t-il été démontré que le « bio » était meilleur pour la santé ? Pourtant la culture des produits bios est plus grande utilisatrice d’espace et contribue à la déforestation. En outre, son surcoût pèse sur le revenu disponible des ménages. Il faudrait ajouter que la crainte de la malbouffe que diffuse sa publicité instille la peur et participe à la croissance de l’obésité.
Qui tolère que Santé Publique France affirme à tord que la pollution atmosphérique est à l’origine de 40 000, voire 50 000 décès prématurés ? Alors que l’OMS parle de 17 000 et les pneumologues d’à peine un millier ?
Que faire ?
Il faudrait remettre un peu de sciences et de raison dans le fondement des politiques publiques. Il est évident que certaines agences comme l’ADEME, agence de la transition écologique, sont des institutions militantes qui se sont en permanence trompés et ont imposé des politiques publiques aussi couteuses qu’inefficaces.
De même, la conférence citoyenne pour le climat a été manipulée par ses organisateurs qui ont refusé de faire appel aux membres de l’académie des sciences ou des technologies, trop compétents peut-être. Il n’en a heureusement pas été de même de l’Assemblée nationale et du Sénat dont les auditions ont enfin montré comment et pourquoi des gouvernements successifs se sont fourvoyés en matière d’énergie, d’industrie et d’agriculture.
Enfin, si à l’évidence il faut privilégier les technologies qui rejettent peu ou pas de gaz à effet de serre, la France doit en priorité chercher à s’adapter d’urgence aux conséquences du réchauffement climatique sur ses cultures, ses forêts, ses villes et ses cours d’eau.
Jean de Kervasdoué est un économiste de la santé français, ancien titulaire de la chaire d'économie et de gestion des services de santé du Conservatoire national des arts et métiers. Il est membre de l'Académie des technologies. Il a été directeur général des hôpitaux.
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Jean de Kervasdouéhttps://lepontdesidees.fr/author/jdekervasdoueca/
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