Le Pont

La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie. – Hannah Arendt

Pourquoi Macron

En d’autre temps, le vote pour Emmanuel Macron aurait été d’une évidence morale et éthique, comme un code de bonne conduite, parce que nonobstant les imperfections et la suffisance de ce jeune Président, il incarne la voie de la raison et le garant des valeurs républicaines et libérales. Face à l’extrême droite, des Le Pen père et fille, il y avait un cordon sanitaire nommé Front républicain pour empêcher les héritiers de Maurras et de Vichy de rudoyer la France avec des idées aussi arriérées que déconnectées du mouvement socio-culturel de la vie contemporaine. Aujourd’hui, ces idées rétrogrades sont moulées dans la compassion et madame Le Pen s’érige en apôtre contre les souffrances et la maltraitance affectant le peuple…

Cette élection présidentielle 2022 n’est plus référencée par rapport à ce clivage politique, l’extrême droite lepéniste a réussi son pari d’être dé-diabolisée à droite – merci à Eric Ciotti et aux outrances d’Eric Zemmour, à gauche – merci à l’ultra-gauchisme des Insoumis de Mélenchon, au centre et au sein de l’ensemble du microcosme socio-politique, médias compris, qui ont de concert laissé émerger cette extrême droite comme la composante politique naturelle d’opposition à un melting-pot macroniste, décrété démagogiquement comme le parti des riches, des bien-portants et des élites.

Désormais, et n’en déplaise à Mélenchon qui s’illusionne sur sa position centrale au cœur de l’échiquier politique, c’est autour d’une nébuleuse de droite réactionnaire et nationaliste que nous aurons à compter comme cartel d’opposition au libéralisme politique et pro-européen regroupé autour d’Emmanuel Macron. Ce dernier a poursuivi, cinq ans durant comme Président de la République, sa démarche de neutralisation, voir de stérilisation des partis politiques traditionnels, pour constituer une majorité s’étirant de la social-démocratie à la droite libérale, avec un centre modéré et réformateur. Ce bloc centriste et pro-européen reste aujourd’hui majoritaire malgré la poussée contestatrice à droite et à gauche, par ce que la France ne veut pas (encore ?) d’une gestion populiste et réactionnaire qui mettrait à mal sa cohésion à l’intérieur et son rayonnement international. C’est pourquoi le vote Macron s’impose aujourd’hui comme un vote raisonné et raisonnable.

Certes, le bilan des cinq dernières années n’est pas parfait, loin de là, si l’on considère la stagnation du pouvoir d’achat, le déficit extérieur et l’explosion de la dette publique, le manque de vision avec une industrialisation poussive, une école malmenée, un ressenti d’insécurité et la poursuite d’un dépérissement politique. Mais, à l’actif de Macron, il y a une préservation des libertés, un frein au chômage de masse, des mesures économiques de bon aloi (baisse du chômage, redressement de l’apprentissage, une pression fiscale diminuée). Et aussi et surtout deux bonnes nouvelles : le maintien renforcé socialement (mutualisation des dettes et des emprunts) d’une Union européenne et une gestion correcte et efficace de deux années assombries par la pandémie et une France soutenant la vaillance du peuple ukrainien face à la sale guerre néo-impérialiste de la Russie. Le vote Macron s’impose là encore pour éviter une faillite économique et financière du pays – programmé à moyen terme par la liturgie lepéniste protectionniste – et pour que nous poursuivions dans le chemin européen de la prospérité et de la paix.

Seulement, le vote Macron pour naturel et indispensable qu’il se présente à tout citoyen épris de liberté et de responsabilité, doit aussi signifier quelques exigences :

  • Lutter contre le désenchantement démocratique en ré-enchantant la politique par des mesures de meilleure représentation parlementaire des différentes composantes socio-culturelles de la nation.
  • Revigorer l’autorité de l’Etat contre l’insécurité, la corruption et le gaspillage des ressources, particulièrement face aux pollutions et au réchauffement climatique.
  • Penser aux générations futures, en restaurant l’École par une mise à niveau aux standards internationaux de compétitivité en matière d’éducation et de recherche.

De tout cela, Emmanuel Macron, s’il est élu et nous formulons des vœux républicains pour qu’il le soit par un vote confortable, sera comptable auprès des Français. Pour restituer à la France de la souveraineté économique, de la cohésion nationale et un projet d’avenir.  

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Journaliste, directeur de la Revue Passages et de l’Association ADAPes, animateur de l’émission « Ces idées qui gouvernent le monde » sur LCP, président de Le Pont des Idées

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