Le Pont

La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie. – Hannah Arendt

Trois expositions à voir au printemps à Paris

Des accords dissonants à la Fondation Louis Vuitton et au Musée d’Orsay

Une fondation privée et un musée national choisissent pour leur grande exposition blockbuster du printemps de réunir deux rivaux, deux admirateurs, deux génies : le peintre underground Jean-Michel Basquiat (1960 – 1988) et le pape du Pop Art Andy Warhol (1928 – 1987) pour la Fondation Louis Vuitton ; le père de l’impressionnisme Edouard Manet (1832 – 1883) et un membre fondateur du mouvement Edgar Degas (1834 – 1917) pour le Musée d’Orsay. Ces expositions viseront à mettre en lumière ce qui rapproche et sépare ces maîtres incontestés de la modernité qui ont marqué la deuxième moitié du XXème siècle et du XIXème siècle, fréquentant les mêmes cercles, se collectionnant et travaillant même ensemble (Basquiat/Warhol) tout en révélant leurs oppositions et rivalités.

Une peinture engagée à la galerie Mathilde Le Coz

Awanle Ayiboro Hawa Ali, peintre ghanéenne de 26 ans présente à la galerie Mathilde Le Coz ”The Abandoned Playground” (L’aire de jeux abandonnée) sa toute première exposition personnelle. Au travers d’une quinzaine d’œuvres inédites, l’artiste réécrit, sous le filtre bleu des rêves chargés de spleen et d’espérance, les histoires brisées de ces femmes mariées de force, mariées trop jeunes, mariées avant avoir pu vivre leur vie. Partant d’une recherche basée sur la collecte de témoignages, l’artiste rembobine le film de la vie de ces femmes victimes de mariages précoces jusqu’au moment où tout a basculé. Sous les traits de l’enfant qu’elles étaient autrefois, ce sont bien ces femmes qui nous fixent comme elles semblent s’observer. Ces vigies du passé avertissent en silence.  Mais pas seulement : elles montrent la voie.  

Pour l’artiste peindre est un acte d’émancipation, une affirmation de soi pour les autres femmes, l’expression d’une conviction profonde qu’elle espère faire raisonner au plus grand nombre. Elle doit son libre choix et son autodétermination à son pinceau et c’est avec lui qu’elle souhaite sensibiliser sur le problème des mariages forcés en Afrique et dans le monde. À l’inverse de nombreux peintres de la scène européenne de sa génération, le studio d’Awanle Ayiboro n’est pas une tour d’ivoire ou une chambre à soi, il est ancré au cœur de la société. Lessivant ses toiles de bleu, c’est tout un monde de préjugés qu’elle souhaite rincer de traditions inégalitaires et liberticides privant les femmes de vivre leur enfance et de choisir leur avenir, les spoliant d’un principe fondamental des droits humains : la liberté de choisir sa vie.

FONDATION LOUIS VUITTON, Basquiat × Warhol, à quatre mains. Exposition du 05 avril au 28 août 2023.

MUSEE ORSAY, Manet / Degas. Exposition du 28 mars au 23 juillet 2023

GALERIE MATHILDE LE COZ, Awanle Ayiboro, The Abandoned Playground. Exposition du 13 avril au 13 mai 2023. 11 rue Michel le Comte, 75003 Paris, ouvert du mercredi au samedi de 14h à 19h.

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