Où va l’Algérie ?
Séminaire du 24 mars 2023 dans les bureaux de Passages, introduits par Emile H. Malet avec les interventions de l’Amiral Edouard Guillaud et l’historien Pierre Vermeren…
Amiral Edouard Guillaud : l’Algérie fut des millénaires durant une terre d’immigration, successivement envahie par les Vandales, les Byzantins, les Numides, les Romains, les Arabes… Sachons bien que les frontières actuelles sont les frontières ottomanes. Napoléon III a écrit : « l’Algérie est un royaume arabe, une colonie européenne et un camp français ». ». Elle fut terre de peuplement pour les Français qui avaient perdu l’Alsace- Lorraine ! De Gaulle déclare : « l ’Algérie est une boite à chagrins ».
Aujourd’hui, elle demeure l’objet d’une lutte permanente du FLN contre les autres partis. L’indépendance amena une épuration et une arabisation hégémonique. L’ancien Président Boumediene en fut l’artisan. Se sont installées une bureaucratie énorme et inefficace (l’influence soviétique) et la corruption… Le pays étant face à ces problèmes : il fallait trouver un coupable. C’est toujours le même depuis 60 ans ! … Vers les années 90 l’Etat tourne mal… Bouteflika veut alors rouvrir des canaux vers la France ; il aura tout le temps d’un long règne pour déconstruire ce programme ! L’Algérie devient un pays d’émigration. A ce jour vingt à trente mille médecins algériens exercent en France (alors que le système de santé est défaillant là-bas). Plus de 80% des émigrés en France sont algériens, avec leurs familles, ils représentent 3 à 5 millions de personnes.
Le pays a été vite bloqué par la répartition des pouvoirs en trois organes jamais alignés entre eux : Le Président et sa « famille », l’armée et les services de renseignement. La célébration et la puissance des Moudjahidines sont énormes : Tout Algérien mort ou vivant est un héros de l’indépendance ; l’Histoire est réécrite avec quelque flou (ce besoin est toujours celui d’un nouveau pouvoir après une période troublée), or les documents ne manquent pas pour raconter ce qui s’est passé et dessiner le présent : les Soviétiques appréciaient la documentation minutieuse et l’ont enseignée aux peuples qu’ils aidaient à se libérer ! (les archives françaises sont ouvertes, celles algériennes sont fermées) …
Emile H. Malet : La mémoire est subjective, l’histoire doit être objective ; or chaque pays voit son histoire à sa façon. Les Nations ont des intérêts égoïstes et leur récit en est imprégné. Evitons d’emmêler les mémoires et d’instrumentaliser l’histoire.
Professeur Pierre Vermeren : L’économie de l’Algérie est dépendante ; 98% des exportations concernant la pétrole et le gaz. Ce qui représente 65% de ses recettes fiscales et 35% du PIB… Il y a du soleil et du vent en quantité mais aucun investissement vers les ENR. Le pays avec une population grandissante consomme de plus en plus et les ressources se dégradent. On importe du blé et presque tous les produits alimentaires, les outils et les technologies pour lesquelles il manque des investissements étrangers… L’Algérie n’est pas un énorme producteur d’hydrocarbures, le 15ème mondial avec 11% des exportations alors que la Russie fournit 48% ! Le Hirak a été provoqué par l’appauvrissement que causait l’effondrement du prix du pétrole. Que restait-il pour redistribuer et comment fournir de l’énergie aux 46 millions d’habitants (avec jusqu’à un million de naissances par an) ? Sans politique avisée 0,9% vient du solaire et 0,01% de l’éolien !
Par ailleurs l’Algérie a la première armée d’Afrique où elle est comme un géant isolé…. Le Maroc est rentré dans l’OUA et les Tunisiens sont plutôt craintifs vis-à-vis du voisin : il n’y a pas de Maghreb Uni (quant à l’Union pour la Méditerranée !???) … Les alliances politiques de l’Algérie sont périlleuses : Russie, Chine, Syrie, Lybie, Tunisie (résidu du nationalisme arabe du temps de la guerre froide). De sa diplomatie, le pays veut de belles photos des chefs à la télé entourés des personnalités les plus hautes du pays invité, rien de concret; elle est marginalisée en Afrique, en Europe et dans les pays de la Ligue Arabe. A l’occasion de l’intervention française au Mali il nous fut refusé de survoler le territoire algérien pour que celui-ci « conserve sa neutralité ». On sait que ce fut arrangé en ménageant les susceptibilités, puis interdit à nouveau… Toujours cette position crispée sur le sentiment d’humiliation, sur le traumatisme de la guerre civile. Désordre et attentats pendant quatre mandats : Bouteflika re-fait de la France le bouc émissaire.
Le fameux « système » politique est caractérisé par l’immobilité. Régulièrement les généraux sont offerts en victimes expiatoires au peuple ; ils sont presque toujours libérés quelques temps après, la presse ne doit rien faire savoir… Le Covid en 2020 a sauvé le pouvoir de la peur. Les médias étant muselés, des purges « discrètes » ont permis de se débarrasser des leaders des manifestants dont les groupes avaient été infiltrés. Un problème est tout de même celui de la religion : sans être officiellement une République islamique, la Constitution algérienne interdit à un non-musulman d’accéder aux plus hautes fonctions dans l’armée ou l’administration. Le nationalisme se maintient sur des bases religieuses que les jeunes voient étouffantes… Pendant ce temps aucun projet pour éveiller l’espoir en créant de nouvelles ressources, en éduquant tous ses enfants, en rassemblant les énergies : toutes les générations n’envisagent plus que le départ. Seuls auront un visa ceux du « Club des pins », cercle de loisirs autrefois français et où la Nomenklatura se retrouve désormais au bord de la mer…
Emile H. Malet rappelle que les pays indépendants tels l’Algérie, le Vietnam, Israël n’ont pu s’empêcher de reprendre en héritage le nationalisme à l’ancienne du colonisateur : ici la situation géographique est une rente !
Le débat s’ouvre aux nombreuses remarques :
-Il n‘empêche que ce nationalisme montre ses limites quand 80% des propriétaires étrangers à Paris sont des Algériens (qui se surveillent entre eux ici aussi).
-Une parenthèse sur la Kabylie : les Kabyles sont vus comme des traitres : Kabylie, la Montagne savante, qui ne rejette pas son héritage romain, attachée à la langue berbère, perméable au christianisme, restée proche des juifs quand ils y habitaient… De même est niée par l’Algérie l’influence d’El Andaluz à l’ouest du pays, de même sont détruits des vestiges (sauf Tipaza une vitrine pour séduire le visiteur).
– Les participants ont exprimé une certaine méfiance vis-à-vis du travail de Benjamin Stora. Né en décembre 1950, celui-ci n’a pu connaître l’antisémitisme des années 40-42 dont il fait porter la responsabilité à tous les Français d’Algérie dans son travail d’historien (« Les clés retrouvées : une enfance juive à Constantine ») … Il bénéficie d’une rente médiatique solidement installée, étant le porte-parole adoubé d’une relation juifs-arabes beaucoup plus complexe qu’il serait le seul à savoir apprécier. Cela au détriment du bouc émissaire habituel.
-Les Algériens présents à cette rencontre en ont apprécié la vitalité des propos, en soulignant la chaleur des relations qui demeurent au sein d’une société civile éclatée mais bienveillante envers les Français. Il existe un fil mystérieux de relations de personne à personne des deux côtés de la Méditerranée Ce lien perdure, il a un ton de fraternité qu’il serait opportun de faire connaitre. Un divorce bien préparé, raté, et les « ex » se revoient !
-Au moment de conclure, il a été enfin reconnu que le sujet : « Où va l’Algérie ? » n’avait pas été traité…par ce qu’on ne le sait pas.
En conclusion, Pierre Vermeren déclare : « un pays qui fait fuir ses enfants et se nourrit de la haine NE VA PAS dans la bonne direction… »
Séminaire du 24 mars 2023 dans les bureaux de Passages, introduits par Emile H. Malet avec les interventions de l’Amiral Edouard Guillaud et l’historien Pierre Vermeren…
L’Algérie et l’obsession du passé colonial
“Un livre à lire et relire, car « L’énigme algérienne » est un vrai « mystère ». De ceux qui ne nous quittent pas, mouvementé et douloureux à la fois… Les liens de l’Algérie avec notre pays sont forts, et ne faibliront jamais : la proximité géographique, la part d’histoire commune sont ce qu’elles sont ; outre les relations économiques ou diplomatiques, la présence pérenne dans l’hexagone des millions de familles d’origine algérienne en est le résultat visible ; d’autres très nombreuses, ont un lien avec cette terre.
L’Algérie vit depuis soixante ans encadrée par un « Système » autant autoritaire qu’énigmatique pour l’extérieur, malaisé à découvrir car compliqué comme un jeu de mikado dont on ne voit que les baguettes du dessus ! … A notre ambassadeur, nommé « haut représentant de la République française », on a dit à son arrivée cette évidence : « Nous vous connaissons mieux que vous nous connaissez » (de plus nous connaissons votre langue, vous ne connaissez pas la nôtre !) … Ainsi, vue sur une quinzaine d’années de vie diplomatique, notre relation est une épreuve permanente et le restera, car seul compte le rapport de force… On ne dit pas assez le poids en Algérie de l’Armée qui a toujours voulu que l’indépendance soit SA victoire. (Elle l’a voulu depuis même avant 1954, s’imposant dans toute la politique franco-algérienne, et pas seulement par les armes) … Restée d’abord officiellement en retrait, avec tout de même pas mal de généraux au pouvoir, elle occupe aujourd’hui non seulement le devant de la scène mais toutes les fonctions au gouvernement et a l’œil sur le reste du pays.
C’est ce qui sera développé dans cet ouvrage et qui échappe encore à une bonne part de l’opinion chez nous.
Lors de son premier séjour de trois ans (2008-2012), Xavier Driencourt connait de sérieuses difficultés (des dossiers « irritants », des ruptures), d’incessants malentendus d’où les Algériens sortent toujours gagnants, mais il le termine sur une note optimiste. Ce livre est l’occasion pour le narrateur de décrire sans concession la visite à Alger des personnalités françaises (agréées) à cette époque et de traiter avec humour leur surprise : arcanes d’un protocole pointilleux – du tapis rouge (avec escapade dans le grand Sud)- à la mise au piquet, les embrassades embarrassantes d’inamovibles dignitaires et… l’incontournable cadeau d’excellentes dattes ! …
Quand notre ambassadeur y retourne (2017-2020), il a donc une longueur d’avance sur d’autres candidats pour aborder alors quatre années en fonction.
Ce second séjour en 2017 voit un changement de décor. L’agglomération d’Alger s’est étendue à cinq millions d’habitants, résultat d’une démographie galopante (un million d’habitants supplémentaires par an) et de l’exode rural. La rente pétrolière réduite ne suffit pas aux décideurs pour conduire une population devenue fébrile. Inflation et corruption rendent la société « angoissée », « démoralisée » par l’absence de perspectives. En 2018, lors de la première visite du président Macron à Alger la foule se presse et réclame (encore) « des visas ». Notre président réussit certaines rencontres officielles, déjeuners ou diners, où se mêlent des invités représentant assez largement la société civile à la quasi-exclusion des officiels. Ambiance posée, incitation aux jeunes Algériens à se former, à prendre en main leur avenir et celui de leur pays : à cela des propositions concrètes avec un fonds d’investissements franco-algérien et la création d’école type 42 (celle de Xavier Niel) pour accélérer la qualification du plus grand nombre de jeunes dans les techniques informatiques. Autres sujets épineux : Lybie, Sahel, Sahara occidental, Mali, émigration clandestine. Tous ces propos ont impressionné par leur franchise. Un espoir pouvait se lever d’un pas vers la réconciliation ; il fut étouffé par la pesanteur du régime !
La France d’aujourd’hui est liée à l’Algérie et aux Algériens. Sa population pour plus de 10% a un lien avec son passé ou avec une famille vivant là-bas (et beaucoup n’ont qu’un seul passeport : il est français). A ces communautés restées nostalgiques du « bled », il faut parler clair tout en jouant avec les nuances (!). On s’adressera à divers groupes en des termes forcément différents : des journalistes algériens présents partout sont prompts à répandre toute phrase malvenue sur laquelle il faudra apporter une correction, mais trop tard… Pire encore quand on s’exprime de l’autre côté de la Méditerranée… Les propos conciliants pour les uns déchainent les autres… L’histoire de l’Algérie intéresse-t-elle les Français ? Les jeunes générations ici l’ignorent et s’ils font facilement l’amalgame lors d’un fait divers ou pire, d’un attentat islamiste, leur vie quotidienne est mêlée sans embarras à celle de très nombreux enfants de toutes origines.
L’ingérence de l’islamisme
Active des deux côtés de la Méditerranée, bien équipée de puissants réseaux, l’ingérence d’un islamisme radical maintien des inquiétudes en France. Surtout depuis les années noires où le FIS, qui aurait dû emporter des élections vraiment démocratiques, triompha dans les années 90 dans un combat aveugle qui fit 200 000 victimes. Que reste-t ’il de la répression qui a suivi ? Difficile de nier l’influence persistante de ces sites Internet très suivis qui instillent au quotidien des recommandations de vie et l’obligation de combattre les infidèles !… Après les procès de ces terroristes-au-nom-d’Allah, l’Algérie refuse de recueillir ses ressortissants condamnés. Et la Cour Européenne refuse à la France leur expulsion car l’Algérie n’a pas abandonné la peine de mort et ne garantit pas un traitement digne pour eux ! … D’autre part, l’Algérie coopère dans la lutte antiterroriste, ses frontières avec les pays voisins sont fermées donc pourraient modérer l’infiltration venant du sud et l’immigration subsaharienne … Un cercle vicieux qui ajoute au désordre et une raison (sérieuse) de plus d’envenimer la relation. Entre autres, les religieux (aidés par d’autres ambassades) se chargent de faire disparaitre l’usage de la langue française (ils martèlent que l’anglais -à qui on n’a rien à reprocher- est la langue de l’avenir), la population devient bigote, confuse (« des analphabètes trilingues » , dit-on en milieu anglophone) et étouffée dans son propre pays … Les jeunes pensent que seul le départ leur ouvrira des perspectives…
Pour dire un mot des communautés religieuses chrétiennes. Les catholiques survivent à de permanentes difficultés et surtout peuvent pratiquer à fond la foi, l’espérance et la charité dans le dénuement extrême de leur vie. Par contre les communautés évangélistes sont riches, nombreuses, énergiques et ne cachent pas leur prosélytisme, qui voudrait s’exercer en Kabylie (toujours « différente » aux yeux du pouvoir): autant dire qu’elles sont perçues comme un danger !
Lors du « printemps algérien » (février 2019, aout 2020) et de ses suites. Xavier Driancourt est en poste :
2019 : naissance du Hirak, une explosion causée par la perspective des élections présidentielles et d’un cinquième mandat d’un vieillard dont on sait l’état de dépendance. Les réseaux sociaux cette fois tournent à fond : la foule descend dans la rue en nombre et brave le pouvoir. Dans tout le pays, sans violence, dans une correction à faire pâlir d’envie les services d’ordre en France, elle réclame la liberté, une perspective pour les jeunes, la fin d’une prétendue redistribution de la manne pétrolière(amaigrie) qui achèterait la paix et privilégie la surveillance policière. Elle poursuit sa marche chaque vendredi (le Covid interrompra les manifestations avant que le nouveau président élu ne sonne la fin de la récré !). L’armée se fait manipulatrice. Pour semer la confusion, elle met le peuple en garde contre cette « ingratitude envers le pouvoir », se prépare à être rigide et booste l’anti-France comme jamais. La discrétion française (pas d’ingérence) est interprétée comme un soutien au régime Bouteflika et à un cinquième mandat « qui serait -dit-il- encore plus réformateur que les précédents » ! Avril 2019 : fin de la présidence Bouteflika ; elle était marquée par la prise de pouvoir de son frère Saïd, tyran omniprésent… L’armée par la voix du général Gaïd Salah promet de rester dans sa mission et de ne pas réprimer… Le premier ministre Abdelmadjid Tebboune devient président de la République. Paris félicite le nouveau chef de l’Etat : on accuse la France d’avoir tiré les ficelles !
2021 : fin officielle du Hirak. Quelques réformes cosmétiques sont faites à la Constitution. Quelques arrestations discrètes sont opérées. De nouvelles manifestations du vendredi sont purement et simplement interdites. Le Système est toujours en place. Et retour des vieilles lunes : si rien ne va comme il faut, c’est la faute de l’étranger, de « la puissance coloniale », toujours l’inusable fédérateur négatif dans le discours au peuple…
Viendra -t’il le jour où l’Algérie sera un partenaire aussi neutre que d’autres ? Jamais, car « si l’Algérie va mal, la France ira mal », entend-on dire là-bas, Le jeu politique consiste à jouer de cette proximité. Aucune ambassade à Alger, n’est auscultée autant que la nôtre. La détestation cultivée de l’ancien colonisateur s’accompagne de tant de flagrantes contradictions : demandes permanentes de faveur pour un visa, pour une inscription au lycée français ; amitiés intéressées et volte faces, fureur et complicité ! Le blocage est ferme vis-à-vis de l’ouverture ou du fonctionnement de centres culturels français pourtant fréquentés par les privilégiés du régime. Eux n’ont pas le même langage vis-à-vis de l’ambassade que de leurs compatriotes ! La bonne diplomatie est un perpétuel marchandage !
2022 : le travail de Benjamin Stora est ignoré : qui prendrait le temps de le lire ? Un coup pour rien… La désespérance gagne toute la population d’Algérie, l’émigration est plus nombreuse que jamais, le désir de fuir touche toutes les couches de la population… Pendant que nous discuterons des procès-verbaux pour l’avenir, les marchés iront aux Chinois et aux Turcs pour le BTP, à l’Allemagne et à la Russie pour l’armement, à l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne pour l’équipement ». L’Algérie pratique une stratégie de tension, pensée le plus souvent par ses ressortissants résidant à Paris, réfléchie, rythmée jusqu’à « obtenir de la France une compensation de ses méfaits » sous forme de visas en envoyant gifle sur gifle à ses représentants officiels. Elle se défend en disant qu’« elle a une opinion publique » ! Quand donc ceux qui souhaitent clarté et fermeté de notre part dans le dialogue seront-ils entendus ?
Il reste que le défi pour la France est immense…♦
Driencourt Xavier, L’énigme algérienne : Chroniques d’une ambassade à Alger, Éditions de l’observatoire, 2002
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Jeanne Perrinhttps://lepontdesidees.fr/author/jperrinauteur/
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