Une Horde enragée

Attention, la Horde est à Paris ! Au Châtelet. Pour quelques jours encore, et vous n’aurez sans doute pas le temps ou la possibilité (tout est complet) d’aller la voir, mais retenez son nom et ne la ratez pas quand elle reviendra.

La Horde, c’est un collectif de danseurs (Ballet national de Marseille) qui nous livre un spectacle coup de poing qui en dit beaucoup plus que tous les discours politiques.

Ils sont une trentaine de jeunes, une mosaïque d’origines, de caractères, de désirs. Ce qui les unit, c’est leur refus de ce monde qui s’écroule et leur besoin de s’en libérer. Ils nous disent leur volonté d’autres choses, nous crient leur rage de vivre, leur détermination. Ils savent qu’ils vont devoir déplacer des montagnes mais ils sentent qu’ensemble, ils en auront la force. Ils se sentent forts parce qu’ils sont en bande.

Tout commence dans une carrière de marbre où une cavité a été aménagée en boîte de nuit. Ils dansent ensemble sur une musique de rock assourdissante, comme dans toutes les boîtes de nuit, mais déjà pointent la violence, le désir, le désespoir. Ils parviennent à s’échapper, et s’enfuient tous de ce lieu écrasant pour rejoindre l’extérieur. Ils improvisent une ronde primale, et c’est nus comme des êtres qui viennent de naître, qu’ils provoquent la chute de ce monde périmé. Moment apocalyptique et créateur qui fait espérer un monde nouveau. C’est renversant de puissance, de courage, de révolte.

La bande se lance alors dans une danse frénétique qui emporte tout. C’est un moment bouleversant et qui provoque en chaque spectateur une sidération qu’il n’a jamais connue.

Tous les danseurs sont extraordinaires de sincérité, d’engagement total dans ce spectacle qui n’en est pas vraiment un, mais qui est surtout un cri avant qu’il ne soit trop tard. Il faut l’entendre.